Lutte contre le Vieillissement : Le lémurien « matavirambo » pourrait inspirer la médecine
Une étude scientifique récente met en lumière une capacité surprenante du chirogale moyen (Cheirogaleus medius), un petit lémurien endémique de Madagascar.
Pendant son hibernation, cet animal parvient à ralentir le vieillissement de ses cellules, un phénomène observé grâce à l’allongement de ses télomères, des structures situées aux extrémités des chromosomes. Ces résultats ouvrent des perspectives pour la recherche sur le vieillissement humain et les maladies liées à l’âge.
Un lémurien qui défie la science
Le vieillissement cellulaire est principalement dû au raccourcissement progressif des télomères, une usure qui limite le nombre de divisions cellulaires et entraîne des dysfonctionnements de l’organisme. Chez la plupart des êtres vivants, ce processus est irréversible. Cependant, chez le chirogale moyen, également appelé « matavirambo » en malgache, une régénération des télomères a été observée pendant son hibernation. Une équipe de chercheurs de l’université Duke, aux États-Unis, a étudié 15 de ces lémuriens en captivité, avant, pendant et après leur période d’hibernation. L’analyse de leurs cellules a révélé une augmentation inattendue de la longueur des télomères au cours de cette phase, suggérant un mécanisme de réparation cellulaire encore mal compris.
Chaque année, à l’approche de l’hiver, le chirogale moyen entre en hibernation prolongée, pouvant durer jusqu’à sept mois. Pendant cette période, son métabolisme ralentit fortement : sa fréquence cardiaque chute de 200 battements par minute à moins de huit, et il ne respire qu’une fois toutes les dix minutes. Cependant, son hibernation n’est pas continue. L’animal connaît des réveils intermittents toutes les une à deux semaines, au cours desquels sa température corporelle et son activité métabolique augmentent brièvement. Ces fluctuations pourraient, en théorie, accélérer le vieillissement cellulaire en raison du stress oxydatif qu’elles génèrent. Or, l’étude montre que ce n’est pas le cas : au contraire, la longueur des télomères s’accroît.
Des implications pour la recherche médicale
Si cet allongement des télomères est temporaire (les télomères du chirogale moyen retrouvent leur longueur initiale après la fin de l’hibernation), il pourrait néanmoins fournir des clés pour mieux comprendre les processus du vieillissement humain. Des phénomènes similaires ont été observés dans des conditions extrêmes, comme lors de séjours prolongés dans l’espace ou sous l’eau. Ces observations suggèrent que certains mécanismes biologiques pourraient permettre de préserver la longévité cellulaire. Les chercheurs restent toutefois prudents. "La longévité et la réparation des télomères pourraient être liées, mais nous n’en sommes pas encore certains", indique Marina Blanco, chercheuse principale de l’étude. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait à terme contribuer au développement de nouvelles approches pour ralentir le vieillissement et prévenir les maladies dégénératives.