Région SAVA : Seuls 20 % des agriculteurs modifient leurs pratiques face au changement climatique
Dans la région SAVA, les effets du changement climatique se font de plus en plus ressentir. La hausse des températures, l’irrégularité des précipitations et l’assèchement des sources d’eau compliquent le travail des agriculteurs. Une étude récente publiée dans la revue scientifique PLOS Climate révèle que, malgré ces bouleversements, seuls 20 % des exploitants adoptent de nouvelles pratiques, principalement en raison d’un manque de ressources financières.
Des conditions climatiques en pleine mutation
Les agriculteurs de la région SAVA, connue comme le cœur de la production de vanille à Madagascar, remarquent des changements importants dans leur environnement. Les saisons, autrefois bien définies, deviennent de plus en plus imprévisibles. « Les rivières s’assèchent, ce qui rend le travail dans les rizières plus difficile », témoigne une exploitante interrogée dans le cadre de l’étude. Un cultivateur de litchis observe quant à lui un retard de la récolte, qui débute désormais en décembre, au lieu de novembre, en raison du manque de pluie. Les températures extrêmes et les pluies diluviennes contraignent également les agriculteurs à réduire le temps passé dans leurs champs, limitant ainsi leur production et impactant directement leur sécurité alimentaire.
Face à ces changements, l’adoption de nouvelles pratiques agricoles reste faible. Selon l’étude, seuls 20 % des agriculteurs interrogés ont modifié leurs méthodes, notamment en utilisant des engrais ou en ajustant leurs calendriers de plantation. Le principal frein à cette transition est le manque de ressources financières. L’étude met en évidence que les exploitants possédant des biens durables, comme un générateur ou un ordinateur, sont plus enclins à s’adapter. À Madagascar, où la majorité des agriculteurs vivent avec des revenus modestes, investir dans de nouvelles techniques reste un grand défi.
Le changement climatique touche d’autres régions
Pour faire face aux effets du changement climatique, certaines pratiques alternatives pourraient être développées. L’introduction d’arbres fruitiers dans les exploitations ou encore l’élevage de poissons dans les rizières sont des solutions qui permettent d’améliorer la fertilité des sols tout en offrant une protection contre les nuisibles. Toutefois, l’accès à ces pratiques demeure limité en raison du manque de financements et d’accompagnement technique. Les chercheurs à l’origine de l’étude recommandent la mise en place de programmes d’aide pour faciliter la transition, mais ces initiatives restent rares dans la région.
La situation des agriculteurs de la région SAVA illustre un problème plus large qui affecte d’autres régions de Madagascar. Dans la région Haute Matsiatra, par exemple, près du parc national d’Andringitra, les habitants constatent l’absence de gel depuis une décennie, signe des changements climatiques en cours. De plus, les cyclones et tempêtes tropicales qui frappent régulièrement le pays aggravent la situation. Outre les dégâts sur les cultures, les inondations rendent les routes impraticables, compliquant l’acheminement des récoltes vers les marchés.
Les chercheurs poursuivent leurs travaux afin d’identifier des solutions adaptées aux réalités locales. L’élargissement de leur enquête à 34 villages permettra de mieux comprendre les freins à l’adaptation et d’explorer des stratégies accessibles aux exploitants les plus vulnérables. Dans un contexte où les aléas climatiques deviennent de plus en plus imprévisibles, l’enjeu est de taille : trouver des alternatives viables pour permettre aux agriculteurs de continuer à produire et à assurer leur subsistance malgré les défis environnementaux.