Maladies tropicales négligées : 69,6 % des Malgaches exposés à la filariose lymphatique
Alors que 54 pays ont éliminé au moins une maladie tropicale négligée, Madagascar poursuit ses efforts pour réduire leur impact. Malgré des avancées, l’accès aux traitements et la mobilisation des ressources restent des enjeux majeurs.
Des avancées à l’échelle mondiale
À l’occasion de la Journée mondiale des maladies tropicales négligées (MTN), célébrée ce 30 janvier 2025, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que 54 pays ont réussi à éliminer au moins une de ces maladies. L’objectif fixé à l’horizon 2030 est d’atteindre 100 pays exempts d’au moins une MTN. En 2024, sept nouveaux pays ont rejoint cette liste et deux autres devraient officialiser leur succès dans les jours à venir.
Ces résultats sont le fruit d’une mobilisation internationale soutenue par un programme de dons de médicaments parmi les plus vastes au monde. Entre 2011 et 2024, près de 30 milliards de comprimés et de flacons ont été distribués aux pays concernés. En 2023, plus de 860 millions de personnes ont bénéficié d’un traitement, soit par des campagnes de distribution massive, soit par une prise en charge individuelle.
Campagne de traitement
Malgré ces avancées, Madagascar demeure parmi les pays où les MTN représentent un problème majeur de santé publique. La filariose lymphatique est l’une des maladies les plus préoccupantes, avec 69,6 % de la population exposée. Une diminution du nombre de districts sanitaires endémiques a été observée ces dernières années, passant de 96 sur 114 entre 2018 et 2020 à 87 en 2024. Cependant, 83 de ces districts nécessitent encore une chimiothérapie préventive. Grâce au soutien de l’OMS, Madagascar a atteint en 2023 une couverture géographique complète pour la première fois dans le cadre d’une campagne de traitement de masse intégrée à la vaccination contre la polio. Cette approche combinée a été maintenue depuis, facilitant la mise en œuvre des interventions sanitaires.
Outre la filariose lymphatique, plusieurs autres MTN affectent la population malagasy. La lèpre et d’autres maladies de la peau, la bilharziose et les infections causées par des vers parasites, ainsi que la rage, constituent des menaces persistantes. Ces maladies, souvent négligées, ont des conséquences importantes sur la qualité de vie des personnes touchées et entravent le développement socio-économique des communautés concernées.
Prévention et sensibilisation
L’élimination de ces maladies repose sur plusieurs stratégies complémentaires. La chimioprévention annuelle permet d’administrer des médicaments efficaces pour lutter contre certaines infections parasitaires. La vaccination des animaux contribue à réduire la transmission de la rage. La formation des agents de santé et la sensibilisation des communautés sont également essentielles pour améliorer la détection et la prise en charge des cas.
Malgré les efforts déployés, plusieurs obstacles freinent la lutte contre les MTN. L’OMS souligne que le financement des programmes reste instable et que l’appropriation de ces initiatives par les pays concernés est encore irrégulière. Le manque de données précises complique l’évaluation des progrès et la mise en place de stratégies adaptées. Le changement climatique constitue également un facteur aggravant, notamment en ce qui concerne les maladies à transmission vectorielle. L’OMS a mis en place une feuille de route visant à combler ces lacunes d’ici 2030, en renforçant la mobilisation des ressources et en intégrant davantage l’étude des impacts climatiques dans les politiques de santé publique. Si Madagascar ne figure pas encore parmi les pays ayant éliminé une MTN, les progrès réalisés démontrent que cet objectif reste atteignable.