Meeting au Magro Tanjombato - L’opposition sous haute surveillance
Le rapport d’activité public voulu par les députés d’opposition obtient le feu vert de l’OMC. Le préfet d’Antananarivo met, toutefois, en garde contre tout dérapage dans les discours.
Gare aux écarts de langage. C’est le message souligné par le général Angelo Ravelonarivo, préfet de police d’Antananarivo, hier. Il a donné son feu vert au meeting organisé par les députés du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), élus à Antananarivo, ce jour au Magro Tanjombato. Ceci afin d’effectuer un rapport d’activité parlementaire.
S’il y a autorisation, les élus de l’opposition n’ont pas pour autant carte blanche. « Le motif du rendez-vous est de faire un rapport d’activité parlementaire. Qu’il en soit ainsi. Que les discours ne se muent pas en incitation à la haine, en appel au coup d’État, ou encore aux insultes envers autrui », lance le général Angelo Ravelonarivo, préfet de police d’Antananarivo, face à la presse, hier, à Tsimbazaza.
Le respect des principes démocratiques, de l’État de droit, ainsi que de la liberté d’expression et d’opinion sont évoqués pour motiver la décision prise, hier. Le préfet d’Antananarivo dresse, néanmoins, des balises au meeting des députés d’opposition. Une mise en garde qu’il justifie par les faits constatés durant « l’excursion », organisée par le mouvement « Miaramanonja », le 6 février, à Imerinkasinina.
« Cet événement devait être une excursion. Seulement, les discours prononcés étaient insultants, des incitations à la haine, des appels au coup d’État », regrette le général Ravelo# narivo. Cet épisode est systématiquement évoqué par le préfet de police d’Antana# narivo pour expliquer la méfiance des autorités face aux intentions de l’opposition de tenir une manifestation publique.
Galvanisés par la foule ayant répondu à leur appel pour « une excursion », les discours des orateurs du « Miaramaonja », dont des députés TIM, ont flirté avec l’appel à l’insurrection. Le préfet d’Antananarivo a même fait partie des personnalités ayant fait l’objet de « menace », durant les prises de parole, le 6 février, à Imerinkasinina.
Selon le colonel Anicet Randrianarivelo, leader de l’État-major mixte opérationnel de la région Analamanga (EMMO-REG), il n’y aura pas de restriction à l’accès à la place du Magro Tanjombato. Les informations indiquent, néanmoins, que la zone où se tiendra le meeting de l’opposition sera fortement encadrée par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Pareillement pour le centre-ville et les zones stratégiques. La moindre incartade, notamment verbale, pourrait valoir une interpellation.
Depuis jeudi, les élus du TIM se sont évertués à rassurer sur leurs intentions au meeting d’aujourd’hui. Une posture affirmée durant une conférence de presse, hier, à Faravohitra. Sur les ondes du « Miaramanonja », le député Mamy Rabenirina soutient, « nous allons démontrer que nous sommes une opposition intelligente, une opposition légale et respectueuse de la loi. Que contrairement aux appréhensions, il n’est pas question de perpétrer un coup d’État, mais de jouer notre rôle d’opposant en affirmant des idées autres que celles du pouvoir ».
Une opposition politique, la liberté d’expression et d’opinion, ou encore, le droit de manifester sont des attributs d’une démocratie. Tenir des meetings est, du reste, une manière d’entretenir la flamme des militants. L’histoire politique du pays témoigne, toutefois, que les sorties publiques de l’opposition couvent souvent des intentions séditieuses, plutôt que d’affirmer une diversité d’idée. De crainte d’être évincés par la rue, ceux qui sont au pouvoir cèdent à la tentation de bâillonner les voix opposantes.
Les députés TIM ont fait valoir leur prérogative parlementaire pour rencontrer leurs partisans. Comme ils l’affirment, ils ont là une occasion de démontrer qu’une manifestation publique de l’opposition n’est pas synonyme de coup d’État. Ce sera l’occasion de défaire les préjugés et briser ainsi, les verrous sur certaines libertés politiques. Ces élus pourraient ne pas avoir droit à l’erreur. À entendre le préfet d’Antananarivo, ils n’auront pas une seconde chance. Il souligne, en effet, qu’un rapport parlementaire ne se fait « qu’une seule fois », après une session.