Energie - Les prix du carburant restent figés
Les prix du carburant affichés en juin 2019 n’ont pas changé. L’éventuelle conclusion d’un programme avec le Fonds monétaire international, peut remettre en cause ce statu quo.
Fausses vraies interprétations. Ils ont sauté sur l’occasion. Dans le communiqué du FMI daté du vendredi 12 février, signé par Charalambos Tsangarides, négociateur en chef, il a été mentionné parmi les points sensibles de l’accord de principes, que les « autorités malgaches maintiendront les prix du carburant conformes aux prix de revient du marché ». Et voilà que les thuriféraires du régime, dans un concert de louanges à n’en plus finir, déduisent que l’État va maintenir pour une durée indéterminée, ces « droits acquis ».
Pourtant, Marc Gérard, lors de sa visioconférence avec quelques journalistes, a fait remarquer que les « subventions accordées au carburant profitent aux privilégiés de la société et aux industriels, gros consommateurs en la matière». Il a même qualifié « d’iniquité sociale absolue » cette volonté de comprimer à tout prix des fluctuations à géométrie variable. La stratégie du « couac qu’il en coûte» soulève alors des interrogations quant à son efficacité.
Le FMI suggère au gouvernement de mettre en place un mécanisme de réajustements automatiques de ces prix. Appelé « lissage », de façon progressive. En cas de hausse incompressible des cours sur le marché international, souvent accompagnée par une forte dépréciation de l’ariary face au dollar au Marché interbancaire de devises, MID, il est proposé un « filet de sécurité » pour les secteurs impactés. En l’occurrence les transports publics aux mains du secteur privé. Dans le cas d’une conclusion d’un programme avec le FMI, cela ne saurait tarder, l’excès de gel sur ces prix du carburant risque de se fondre.
En outre, une question se pose et s’impose. Ces prix ont-ils encore une quelconque influence sur ceux des autres produits de première nécessité ? Depuis toujours, les variations, à la hausse de préférence, des prix à la pompe ont été un motif suffisant à l’origine de la spirale inflationniste. Cette fois-ci, il n’en est rien. Il sont restés les mêmes depuis bientôt deux ans, cela n’a pas empêché la montée en flèche des prix du riz, de l’huile ou du sucre. A contrario, les taxis-be, si prompts à réagir au quart de tour, avec un nombre de sièges limité, respect des gestes barrières oblige, sont les seuls à se soucier de leurs usagers. Ils ont fini par s’en accommoder avec le tarif « unique et inique » de 500 ariary. Les magnats des coopératives n’évoquent plus leur « manque à gagner ». Alors qu’ils ont été contraints d’équiper « leur personnel » de visières e t de masques. Générant des charges financières supplétives. Sans compter l’itinéraire raccourci par le bouclage d’Analakely le samedi.
Enfin, aucune explication claire et précise n’a été donnée sur le comment et pourquoi des 172 milliards d’ariary offerts aux pétroliers sous forme de dettes échues. Dividendes de leur coopération avec le gouvernement, indemnités de « réquisition » ou récompenses pour leur abnégation à suivre les directives gouvernementales ? À l’évidence, ils trouvent leurs comptes. Une enseigne a ouvert sa centième station-service. Une autre compte soixante-quinze points de vente dans son dense réseau de distribution. Que demander de plus ?