Opposition - Le grand événement accouche d’une souris

Désorien­tant. Le rendez-vous médiatique donné par les leaders du mouvement « Miara-Manonja », samedi, a bien eu lieu. Une émission annoncée comme « spéciale », durant laquelle, ils devaient faire une annonce fracassante sur la suite de leur mouvement. Seulement, les quarante minutes de prise de parole successive des sept intervenants ont laissé les auditeurs et téléspectateurs sur leur faim.

« Nous espérons que la population comprenne où nous voulons en venir », déclare le député Fidèle Razara Pierre, une des figures du mouvement médiatique de l’opposition, à la fin de sa prise de parole, durant l’émission de samedi. C’est lui qui une semaine auparavant, a scandé devant une foule en exaltée, à Imerinkasinina, qu’une annonce grandiose allait être faite, le 13 février.

Il fallait probablement, être des fidèles auditeurs de l’émission « Miara-Manonja », ou des initiés du cercle décisionnaire de l’opposition pour comprendre les discours de samedi. Difficile, en effet, pour le public lambda de déchiffrer les intentions des hauts parleurs de l’opposition. Quelques propos glissés au milieu des différentes prises de parole donnent, néanmoins, une idée de l’objectif de « l’émission spéciale », de samedi.

À s’en tenir aux mots du député Razara Pierre il s’agit « d’un appel », adressé à la population par l’équipe du « Miara-Manonja ». Un appel qu’elle « ne reste plus les bras croisés », « de se tenir prête au nom de la patrie », de « s’unir pour le changement, pour l’amélioration des conditions de vie de la population ».

Le fait d’avoir tourné l’émis­sion à Ampefy, avec l’îlot de la vierge, considéré comme centre de Madagascar, en toile de fond, ne serait pas fortuite. Le lieu serait l’idéal pour lancer un appel tous azimuts.

La députée Hanitra Razafimanantsoa déclare, « l’heure est venue de vous mobiliser car, il ne suffit pas d’animer une émission, il faut des actes. (…) Ayez confiance, il est temps de se lever car, le moment est venu pour le faire ».
Moins véhément qu’à l’accoutumée, les voix du «MiaraManonja », ont visiblement, essayé de peser leur mot, afin d’éviter toute fausse note ou dérapage vis-à-vis des dispositions légales. Un mot de trop pourrait, en effet, être assimilé à un appel à la révolte.

Ce qui est pénalement répréhensible. Déjà que l’un d’entre eux, à savoir Vonison Andrianjato, ancien ministre de la Communication, est déjà sous la coupe d’une convocation pour enquête à la gendarmerie.
L’ancien ministre An­drian­jato encourrait des poursuites pour diffusion de fausses nouvelles. Certaines sources parlent même d’incitation à la révolte comme chef d’inculpation probable.

Ceci pour des propos qu’il a tenus dans l’émission « Miara-Manonja ». Introu­vable, alors qu’il est recherché pour une notification officielle de sa convocation à la brigade de recherche de Fiadanana, l’ancien membre du gouvernement est réapparu dans l’émission préenregistrée diffusée, samedi.
Étant le premier des sept orateurs à avoir pris la parole, Vonison Andrianjato affirme la détermination des voix de l’opposition à « se dresser pour que la démocratie soit effective ». Tandis que l’opinion publique attendait ce qu’allaient annoncer les leaders du « Mouvement du Miara-Manonja », dans la soirée, durant la journée, le centre-ville d’Antananarivo fourmillait d’éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS).

Alors que l’opposition n’est pas formelle sur ses intentions, jusqu’à l’heure, les autorités, elles, semblent vouloir dissuader toute velléité de soubresaut politique.

Les hauts responsables militaires et policiers ont martelé durant toute la semai­ne qu’ils ne vont tolérer aucune tentative de trouble à l’ordre public, ni mani­festation interdite. Face aux rumeurs d’une intention de l’opposition de manifester à Ambohijatovo, l’état-major mixte opérationnel (EMMO), a été massivement mobilisé. Des garnisons par camion entier et des véhicules tout-terrains ont été prédisposés, sans compter les patrouilles incessantes à pied ou en voiture, jusqu’à la fin de la journée.