Energie - Rajoelina rejette la hausse de tarif de la Jirama
Le président Andry Rajoelina réaffirme publiquement le rejet du nouveau système de tarification de la Jirama. Le directeur général de cette société en a même pris pour son grade.
Une baffe en public. C'est ainsi que certains, sur les réseaux sociaux, qualifient les remontrances présidentielles à l'encontre de Vonjy Andriamanga, directeur général de la Jirama. Profitant d'un discours d'inauguration de la nouvelle centrale hybride solaire à Tanambao-Verrerie, Toamasina, pour adresser quelques mots au boss de la Jirama, le chef de l'État a souligné, au passage, qu'il s'agit de leur première rencontre depuis l’application de la nouvelle grille tarifaire de la consommation d'eau et d'électricité. Que les échanges entre le gouvernement et la société énergétique se sont faites par médias interposés, ces derniers temps.
« La Jirama est un service public. Ceci étant, son objectif doit être de satisfaire la population que ce soit en matière de qualité de service, que sur les tarifs », déclare le chef de l'État. Sur sa lancée, il ajoute, « il est inacceptable qu'il y ait une forte hausse des tarifs, alors que le service est de piètre qualité. Les coupures d'eau et d'électricité sont intempestives alors que la facture augmente ». Le Président tonne alors, « améliorez la qualité de service avant de songer à une quelconque hausse des tarifs ».
Dans sa prise de parole d'hier, Andry Rajoelina réaffirme de vive voix la décision prise lors du dernier conseil des ministres. Pour appuyer sa position, il met en avant le fait que le pays vient de sortir de la crise sanitaire. Une conjoncture difficile dont les conséquences se font encore ressentir sur les portefeuilles des ménages. Le chef de l'État balaie également, d'un revers de la main l'argument selon lequel seuls 10% des usagers seraient concernés par la hausse des tarifs. « C'est la classe moyenne qui est en grande difficulté », souligne le Président.
Depuis ce mois de janvier, la Jirama applique un nouveau système de tarification baptisé Optima. Il est censé refléter le coût réel de la consommation de chaque ménage et réduire ainsi, la facture. Seulement, plusieurs clients de la Jirama ont eu la mauvaise surprise de voir leur facture d'eau et d'électricité grimper en flèche soudainement.
Aussi, l'Exécutif a-t-il décidé de remettre les pendules à l’heure. « Le tarif de l'électricité et d'eau appliqué par la Jirama doit être aligné au pouvoir d'achat de la population, surtout après la crise sanitaire. Aucune hausse de tarif ne doit intervenir pour ménager les conditions de vie des usagers », rapporte le communiqué du conseil des ministres de mercredi.
Le rapport de la réunion hebdomadaire de l'Exécutif laisse entendre, par ailleurs, que la décision de la Jirama de basculer vers un nouveau système de tarification n'a pas été concertée avec son ministère de tutelle. Le rapport du conseil des ministres rappelle, en effet, que la compagnie nationale d'eau et d'électricité bénéficie toujours des subventions étatiques. Qu'il est d'usage, en ce sens, de consulter le ministère concerné dans l'élaboration du mode de tarification.
Le conseil des ministres est allé jusqu'à enjoindre la Jirama de rectifier les factures exorbitantes dans les 48 heures, à partir de mercredi. Dans les faits, les usagers qui se sont adressés aux agences de la compagnie se sont heurtés à un refus. « On nous a demandé de payer la facture de janvier telle quelle, et que les choses reviendront à la normale le mois prochain. C'est scandaleux », s'insurge une résidente des 67ha.
Devant les usagers, la Jirama joue les fortes têtes. Face au président de la République, hier, son directeur général n'a, cependant, rien pu faire d'autre qu'encaisser les coups de semonce assénés publiquement par le chef de l'État. Bien que Vonjy Andriamanga soit toujours en place, le scénario d'hier confirme que l'une des mesures-phares de sa stratégie pour redresser la Jirama fait face à un désaveu cinglant du président.
Après le mauvais moment qu'il a passé à Tanambao-Verrerie, le directeur général de la Jirama devrait revoir rapidement sa copie, au risque d'être éjecté du train. Surtout qu'OPTIMA a failli mettre le feu à une poudrière sociale, séquelle de la crise sanitaire. « En tant que président de la République, mon rôle est de défendre l'intérêt de la population. Les dirigeants, à tous les niveaux, doivent avoir cet état d'esprit », conclut Andry Rajoelina.