Parlement - Échanges de flèches entre les deux Chambres
La session extraordinaire démarre dans une ambiance électrique. Les cérémonies d’ouverture d’hier se sont muées en passe d’arme entre les deux institutions parlementaires.
Les hostilités sont ouvertes. Comme prévu, la session du Parlement s’annonce extraordinaire. Les échanges de cordialité entre Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, et Rivo Rakotovao, président du Sénat, annoncent d’entrée que la partie sera musclée.
Faits rares, les cérémonies d’ouverture d’une session à Tsimbazaza et à Anosy, ont été le théâtre de passe d’arme entre les présidents des deux Chambres. C’est Christine Razanahamasoa qui a décoché la première salve. Elle tacle la Chambre haute pour non respect du principe de navette parlementaire prévu à l’article 96 de la Constitution. « (…) En parlant de respect de la loi, les institutions législatives doivent être les premières à s’y plier », lance-t-elle dans son allocution.
La présidente de la Chambre basse indique que cinq projets de loi et trois propositions de loi seraient « bloqués », au Sénat. Selon elle, l’attitude de l’institution d’Anosy serait « un facteur de blocage », dans la procédure législative. Elle prend l’exemple de la proposition de loi sur l’opposition qui est toujours en stand-by, à Anosy. En ouverture de la session extraordinaire de la Chambre haute, Rivo Rakotovao a répliqué à son homologue de l’Assemblée nationale. « Le Sénat n’est pas une boite aux lettres », assène-t-il.
<strong>Formalité </strong>
Expliquant ses propos durant une brève interview à l’issue de la cérémonie, le président du Sénat soutient que l’institution « ne peut pas adopter un texte en deux heures, car il n’a été déposé qu’à la veille de la fin de la session ». Dans son allocution au pupitre de l’institution d’Anosy, il souligne, « nous sommes ici pour analyser, décortiquer les textes. Aussi, si nous n’avons pas le temps nécessaire pour le faire, il est de notre responsabilité de reporter les discussions ».
Toujours en réponse à Christine Razanamahasoa, Rivo Rakotovao ajoute que certains députés « n’ont même pas été présents lorsque nous avons débattu des propositions de loi» alors qu’ils en sont les initiateurs. À Tsimbazaza, la président de l’Assemblée nationale a, par ailleurs, profité de ses salves contre le Sénat pour pilonner l’élément déclencheur de cette session extraordinaire.
« Que ceux qui sont promptes à critiquer et à déposer des requêtes soient les premiers à respecter la Constitution », vilipende la présidente de la Chambre basse. Elle fait référence à la requête déposée par Rivo Rakotovao devant la Haute cour constitutionnelle (HCC). Une démarche afin que soient déclarées caduques les ordonnances prises par le président de la République, pour défaut de ratification par le Parlement.
La réponse de la Cour a conduit l’Exécutif à convoquer cette session extraordinaire. « Ceux qui pensent que cette session extraordinaire est une victoire ont tort », affirme la boss de l’institution de Tsimbazaza. Elle souligne que l’adoption des projets de ratification des ordonnances « ne sera qu’une formalité ». Ceci au motif que les textes présidentiels ont déjà passé le contrôle de constitutionnalité et sont déjà promulgués.
En réponse à son homologue de l’Assemblée nationale, le numéro un de la Chambre haute soutient que la session extraordinaire découle de sa « prise de responsabilité ». Il affirme, toutefois, que l’institution n’est pas encore au courant de la teneur des projets de loi ratification. La phrase « le Sénat n’est pas une boites aux lettres », pourrait indiquer qu’à Anosy, cette session extraordinaire ne sera pas qu’une formalité.