Carte d'identité nationale - L’opposition réclame de nouvelles élections
Les cas d’anomalies révélées sur les cartes d’identité nationale donnent du blé à moudre à l’opposition. Elle réclame l’annulation des résultats de la présidentielle, des législatives et des communales.
L’opposition saisit la balle au bond. Tablant sur l’information selon laquelle plus d’un million de cartes d’identité nationale (CIN), auraient des numéros similaires, elle « exige », l’annulation des résultats de la présidentielle, des législatives et des communales.
Sur la base des révélations de la Commission électorale nationale indépendante (CIN), toujours, les opposants qualifient les trois scrutins qui se sont tenus depuis fin 2018 « d’illégaux ». Ils renchérissent que « ceux qui ont été élus à l’issue de ces votes sont illégitimes ».
Aussi, réclament-ils l’organisation de nouvelles élections, « dans les plus brefs délais ». L’opposition pose, toutefois, comme préalable, le remplacement des membres de la CENI et de la Haute cour constitutionnelle (HCC), qu’elle n’estime plus digne de confiance.
La CENI a rendu public l’information sur les anomalies constatées sur plus d’un million de CIN, vendredi. Depuis, les entités et personnalités d’opposition tirent à boulets rouges sur « la légalité », des trois derniers processus électoraux et « la légitimité », des élus.
Elles ont décidé de parler d’une seule voix, hier. La demande de nouvelles élections a été faite durant une déclaration commune de la plateforme des opposants RMDM, au siège du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), à Bel’air.
Avec cette déclaration univoque, l’opposition compte ainsi, faire plier le pouvoir, mais surtout, attirer l’attention des instances et partenaires internationaux, comme le laisse entendre Marc Ravalomanana, président national du TIM. Même le parti « Hery vaovao ho an’i Madagsaikara » (HVM), a rallié le RMDM pour l’occasion. Riana Andriamandavy VII, son vice-président, signe la déclaration d’hier, en tant que porte-parole de la plateforme d’opposition.
Contacté, Rivo Rakotovao, coordonnateur national du HVM, parle, cependant, « d’une alliance conjoncturelle ». Selon le président du Sénat, « nous gardons la position selon laquelle, nous dénonçons ce qui ne va pas. C’est le cas ici. Il y a une position commune par rapport au contexte et nous ne nous en cachons pas ». Il ajoute que le vice-président des Bleus serait juste « le porte-parole de la réunion d’hier ».
En réponse aux assauts de l’opposition, une levée de bouclier s’organise du côté du pouvoir. Face aux demandes d’annulation des résultats des élections, des juristes martèlent que les arrêts et décisions de la HCC « ne sont susceptibles d’aucun recours ».
Des acteurs politiques affirment qu’il est probable que Andry Rajoelina, président de la République, « avait raison ». Alors qu’il était candidat, le chef de l’État avait affirmé qu’il aurait dû gagner dès le premier tour de la présidentielle.
Répliquant à la CENI, Tianarivelo Razafimahefa, ministre de l’Intérieur, affirme qu’il est « impossible que des numéros de carte d’identité nationale reviennent plusieurs fois ». Dans des articles publiés, hier, il ajoute que le gouvernement de consensus dont-il a fait partie n’a passé aucune commande de CIN, en 2018.
À l’instar d’autres défenseurs du pouvoir, il oriente le regard vers l’administration Rajaonarimampianina. Une opération CIN pour un million de citoyen a été lancée, en 2017. En réaction, Rivo Rakotovao martèle son appel à l’ouverture d’une enquête. « Nous voulons un vrai État de droit. Il suffit donc, d’ouvrir une enquête. Si les anomalies découlent de malversations du temps où nous étions au pouvoir, alors que ceux qui en sont responsables soient sanctionnés », lance-t-il. Au milieu de ce cafouillage, Thierry Rakotonarivo, vice-président de la CENI, tente de calmer les humeurs.
Les anomalies constatées sur plus d’un million de CIN n’ont eu « aucun impact », sur les élections, tambourine le commissaire électoral. Il ajoute même qu’il s’agit d’erreur récurrente au sein de l’administration à cause de la manipulation manuelle des fichiers administratifs. Qu’elles ne peuvent pas avoir été faites « de manière délibérée, dans une courte période ». Les arguments de la CENI semblent, toutefois, inaudibles dans la nébuleuse politique créée par ses révélations.