Conditions carcérales - Andry Rajoelina crève l’abcès
Cinq heures. C’est la durée de la visite de Andry Rajoelina, président de la République, à la maison centrale d’Antanimora, jeudi. Une première depuis l’ouverture de l’établissement, en 1900, affirment ses responsables. Durant cinq heures donc, le chef de l’État a pris la mesure des réalités des détenus de cette prison qui est l’une des plus surpeuplées du pays.
Promiscuité et insalubrité sont les réalités des détenus à la maison centrale d’Antanimora. Des réalités que la visite présidentielle, partiellement retransmise sur les réseaux sociaux, a révélées au grand public. « L’odeur est insoutenable », réagit le président de la République, estomaqué par l’émanation des égouts de la prison attenants aux dortoirs qui accueillent, pourtant, cinq fois plus de détenus que leur capacité normale.
Comme il a été indiqué durant une rencontre entre le Président et les pénitentiaires, la maison centrale d’Antanimora a été construite pour accueillir huit-cent détenus. Ils dépassent largement les quatre mille, aujourd’hui. Plus de la moitié de ces personnes le sont de manière préventive, en attendant leur procès. Condamnés et prévenus se bousculent donc, dans des conditions relativement inhumaines.
Faisant le tour des quartiers des détenus, Andry Rajoelina a pu voir de visu, dans celui des femmes, plusieurs d’entre elles élèvent leur nourrisson dans ces conditions spartiates. À l’infirmerie, il a rencontré une dame au bord de l’infirmité à cause des complications de sa grossesse. « Nous sommes trop nombreuses dans le dortoir. Aussi, nous sommes obligées de dormir dans une position inconfortable. Cela a nui à ma grossesse », témoigne-t-elle.
« Nous allons chercher les moyens d’améliorer votre condition de détention », a déclaré le président de la République dans une prise de parole devant les détenus. À l’entendre, la première étape est de réduire, le plus possible, le nombre de personnes en détention. Les dossiers des prisonniers, incarcérés pour délits mineurs seront étudiées en vue de l’octroi d’une grâce présidentielle ou d’une réduction de peine.
« Ce serait mentir de dire que vous allez tous être libérés, mais nous allons étudier vos dossiers pour des possibilités de réduction de peine pour les délits mineurs », a affirmé le locataire d’Iavoloha, en ajoutant qu’en principe, une prison devrait être des lieux de rééducation en vue d’une réinsertion, une fois sortie. Ce qui n’est, vraisemblablement, pas le cas d’Antanimora.
En attendant que le département de la Justice procède aux procès en audience foraine, pourtant, annoncé par le conseil des ministres comme devant démarrer le 21 octobre, c’est le chef de l’État himself qui s’est enquis des cas des détenus. Dans les échanges du président Rajoelina et de quelques prisonniers, il s’est avéré que dans certains cas, les peines infligées sont relativement excessives par rapport aux infractions.
Le locataire d’Iavoloha a, par ailleurs, donné une consigne claire, jeudi. Celui d’accélérer le procès des prévenus en détention. En réponse, Jacques Randrianasolo, ministre de la Justice, a soutenu que tous les dossiers seront jugés d’ici le 15 décembre.