Propagande déguisée - Rajoelina épinglé par le TIM pour partialité
Andry Rajoelina, avec des membres du gouvernement, s’affiche aux côtés de deux candidats-députés de la plateforme IRD qui sont en pleine campagne électorale. Le chef de l’État s’est empêtré dans une histoire que le TIM qualifie déjà de violation grave des lois électorales.
Des ennuis en perspective pour Andry Rajoelina et la plateforme IRD. Ces derniers jours lors de ses déplacements dans le pays, le chef de l’État s’affiche aux côtés de quelques candidats députés de la plateforme IRD sur le terrain, profitant de l’annonce de la construction de quelques infrastructures pour justifier sa présence.
C’était le cas à Toamasina, à Tsiroanomandidy mais ce qui a surtout provoqué le tollé du monde politique était sa descente à Besarety aux côtés des candidats Anyah et Lanto Rakotomanga du IIIe arrondissement hier. Un évènement que la candidate-chanteuse n’a pas manqué de relayer, avec photo à l’appui, sur les réseaux sociaux en remerciant le chef de l’État de sa déclaration sur le fait que « son arrondissement va bénéficier des travaux routiers qui ont déjà commencé dans la capitale ».
Hier, dans la soirée, les réactions ont commencé à fuser dans le monde politique. Pour le Tiako i Madagasikara (TIM), à travers son secrétaire général Olga Ramalason, qui est monté au créneau dans les médias, même si aucune déclaration incitant les électeurs à voter pour ces candidats n’a été faite sur les lieux, la seule présence du président aux côtés des deux candidats constitue une violation grave de la loi.
« La Constitution si l’on se réfère à son article 49 stipule que les fonctions de président de la République sont incompatibles avec toute fonction publique élective, toute autre activité professionnelle, toute activité au sein d’un parti politique, d’un groupement politique, ou d’une association, et de l’exercice de responsabilité au sein d’une institution religieuse », cite-t-elle. Et les sanctions prévues par la loi fondamentale sont sans équivoque puisqu’elles peuvent coûter jusqu’au siège du chef de l’État.
«Toute violation des dispositions du présent article, constatée par la Haute Cour Constitutionnelle, constitue un motif d’empêchement définitif du président de la République », stipule ce même article.
Olga Ramalason évoque également la loi organique N°2018-008 relative au régime général des élections et des référendums. Les dispositifs de ce texte traitent également les cas de partialité de l’administration, notamment dans son article 61, alinéa 2 stipulant que « Aucune annonce majeure liée à, ou visant à créer une perception favorable envers un parti politique, un candidat ou une liste de candidats ne doit être faite par l’Administration de l’État ou des Collectivités décentralisées pendant la période de la campagne électorale ».
«C’est le chef de l’État en personne qui affiche publiquement son soutien à des candidats. Il est devenu à la fois juge et partie sur le terrain électoral», n’a pas manqué de renchérir Olga Ramalason, secrétaire général du TIM, sur une chaine privée.
Du côté de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la situation semble embarrassante. Joint au téléphone, un membre de cette institution lâche même que si la présence du chef de l’État aux côtés des candidats est confirmée, il faut se pencher sur le cas. «Si ce sont les candidats qui se déclarent soutenir ou des proches du chef de l’État, il est difficile de les en empêcher et encore moins de les sanctionner. Mais si c’est le président en personne qui commet l’infraction, les choses sont différentes», affirme notre source.
Légalement, seule une plainte déposée par un candidats, qui se sentirait lésé par cette situation, pourrait pousser cette affaire à aller plus loin. Pour l’heure, même si quelques réactions à chaud ont été entendues ici et là, aucun candidat ni parti politique n’a annoncé son intention d’emprunter cette voie. Mais il est possible que des plateformes ou des partis comme le TIM prennent seulement leur temps pour bien affuter leurs armes.