Financement de campagne : 450 candidats députés hors la loi
Des candidats aux Législatives qui enfreignent manifestement les lois électorales, poursuivent impunément leur campagne.
L’argent commence à faire parler de lui en cette période de campagne électorale. Les candidats députés financièrement puissants se démarquent petit à petit de leurs concurrents. Cette situation trouve son origine au manque de transparence dans le financement de campagne électorale. Jusqu’à hier, sur les 810 candidats en lice aux Législatives du 27 mai, seuls 360 ont désigné leurs trésoriers de campagne, une procédure permettant aux autorités compétentes de contrôler la traçabilité des fonds utilisés durant la propagande. « La loi organique n° 2018-008 relative au régime général des élections et des référendums impose pourtant aux candidats cette obligation de désigner leurs trésoriers de campagne. »,a rappelé le vice-président de la CENI Thierry Rakotonarivo.
Avant de déplorer : « Malheureusement, le cadre juridique régissant les élections à Madagascar reste muet quant aux sanctions qu’encourent les candidats qui ne se conforment pas à cette obligation de transparence dans la gestion des fonds de campagne. Nos lois électorales n’imposent aucun délai pour la désignation de ces trésoriers de campagne. Les candidats qui ignorent cette obligation n’encourent pas la disqualification. »
Pression et Corruption électorale.
Par ailleurs, Thierry Rakotonarivo a confirmé que des responsables de la CENI au niveau de ses démembrements font également l’objet des pressions politiques exercées par des candidats qui occupent un statut particulier dans cette course à l’Assemblée nationale. « La CENI a pris des sanctions à l’encontre de ses agents fautifs. C’est l’exemple d’un président de la commission électorale de district qui est actuellement placé sous mandat de dépôt pour corruption électorale. Ce responsable de la CENI a introduit dans la liste électorale 2.000 électeurs fictifs. », a-t-il fait savoir. A noter que le Bureau Indépendant Anti-Corruption (Bianco) a accompagné la CENI dans le cadre de la formation des candidats ou de leurs représentants qui a pris fin hier dans tout Madagascar. On a également appris hier que la commission électorale commençait à acheminer depuis mardi dernier, les matériels et les imprimés électoraux vers les districts. Après les districts, ces matériels qui restent toujours scellés seront acheminés au niveau des communes et puis des bureaux de vote. Les imprimés électoraux ne seront ouverts au niveau des bureaux de vote que le 27 mai (jour du scrutin) à 6h du matin pour éviter toute suspicion de fraudes.
Puissance de l’argent.
La campagne électorale est à son quatrième jour aujourd’hui. Les candidats auront encore seize jours pour convaincre les électeurs à voter pour eux. Pendant les jours déjà écoulés, on constate que des candidats indépendants, financièrement puissants s’imposent dans certaines circonscriptions électorales face à ceux présentés par les grands partis politiques. Ces indépendants qui ont ainsi la forte chance d’accéder à Tsimbazaza. Si cette situation persiste, on s’achemine vers l’entrée à l’Assemblée nationale d’un grand nombre de députés « électrons libres », comme c’était le cas durant la précédente législature. A rappeler que le mandat de Hery Rajaonarimampianina a été compromis par l’absence d’une majorité stable à la Chambre Basse. A chaque fois que le Pouvoir HVM a voulu faire passer quelque chose à l’Assemblée nationale, il a été toujours obligé de négocier avec les indépendants qui ont toujours monnayé leur adhésion. La question qui se pose est donc de savoir si, avec la percée des indépendants sur le terrain de la campagne, le parti au pouvoir arrivera à avoir une majorité stable qui lui permettra de mettre en œuvre la Politique Générale de l’Etat et le Plan pour l’Emergence de Madagascar.
R. Eugène