Faux et usage de faux - Des responsables militaires enquêtés
Les affaires de faux et usage de faux par quatre-vingt sept militaires éclaboussent de hauts responsables au sein de l’Armée.
Tâche d’huile. En marge de la messe de célébration du 35e anniversaire de la treizième promotion de l’Académie militaire d’Antsirabe, le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale (MDN) a confirmé que les enquêtes s’étendent désormais à de hauts responsables de l’Armée. « Des chefs de corps, des responsables au niveau de l’État-major général de l’Armée malagasy et tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par cette affaire seront entendus », affirme le ministre de la Défense nationale.
Pour faire face à l’insécurité grandissante, le conseil des ministres a accordé au deuxième semestre de l’année 2017, le réengagement d’un millier de militaires. Après vérification, quatre-vingt-sept dossiers ont présenté des anomalies.
« Certains n’ont jamais accompli le service légal de vingt-quatre mois, d’autres ont réussi à falsifier la signature du chef d’État –major général de l’armée malgache (CEMGAM) et cachet relief, il y a ceux qui ont falsifié leur copie d’état-civil pour réduire leur âge », explique le général Théophile Rakotonirina, deuxième adjoint du CEMGAM. Ainsi, en plus des enquêtes auprès des principaux concernés, des responsabilités à chaque niveau sont passés au crible. Selon ses explications, la première sélection est effectuée par une commission au niveau des troupes, des compagnies et au ministère de la Défense mais la décision finale revient au CEMGAM. La gendarmerie et la Justice poursuivent actuellement l’enquête.
Chaque année, l’Armée malgache recrute six cents à huit cents jeunes pour le service national. Après vingt-quatre mois de service, ils attendent la décision de rengagement qui n’est pas systématique. « D’une manière générale, le rengagement est effectué pour remplacer l’effectif des départs à la retraite ou en cas de décès des militaires. En fonction des besoins, le MDN effectue, en fait, la demande en conseil des ministres mais cela est possible en fonction du budget disponible », poursuit le général Théophile Rakotonirina. La concurrence est ainsi rude car la possibilité de réintégrer la Grande muette est hypothétique. La rareté de cette opportunité est ainsi une fenêtre ouverte à la corruption, au favoritisme et au clientélisme.
Par ailleurs, certains observateurs remarquent que le système actuel du service national favorise l’insécurité. L’Armée apprend à des jeunes le maniement d’armes pendant vingt-quatre mois puis ces derniers se retrouvent au chômage. Ainsi, avec les techniques apprises, ils versent dans les crimes. « Un débat national s’impose. À maintes reprises, le ministère a posé des questions sur la nécessité de revisiter les lois n° 78-001 et 78-002 relative au service national. Mais le ministère ne peut pas légiférer », explique le général Théophile Rakotonirina.
Rétablir la sécurité et l’autorité de l’État est l’une des engagements du président de la République. Outre l’annonce de l’arrivée de nouveaux équipements pour les forces de l’ordre et de sécurité, le ministre de la Défense nationale a annoncé, vendredi, le quadrillage des zones rouges. Les expériences des années précédentes ont démontré que les différentes opérations militaires permettent de rétablir la sécurité dans un temps limité. Les violences reprennent une fois l’opération terminée ou se déplacent dans d’autres zones.