Education : 90% des enfants malgaches victimes de discipline violente à la maison
Hier, 11 juin, a marqué la toute première Journée internationale du jeu, une occasion importante pour sensibiliser le public aux droits des enfants à jouer et à se développer dans un environnement sécurisé. Toutefois, cette journée a également été l'occasion pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) de révéler des données alarmantes sur la discipline violente subie par les enfants.
Normes sociales néfastes
Selon de nouvelles estimations de l'UNICEF, près de 400 millions d'enfants de moins de 5 ans sont régulièrement soumis à des agressions psychologiques ou des châtiments physiques à la maison. En d'autres termes, 6 enfants sur 10 dans le monde font l'objet de sanctions disciplinaires violentes. Parmi ces enfants, environ 330 millions subissent des punitions physiques. Ces pratiques persistent en raison de normes sociales néfastes, puisque plus d'un quart des mères ou des personnes ayant la charge d'enfants estiment que les châtiments physiques sont nécessaires pour une bonne éducation. Madagascar illustre bien cette réalité préoccupante. Selon l’Enquête nationale sur la situation socio-démographique des ménages (MICS 2018), neuf enfants sur dix subissent une discipline violente sous forme de châtiments corporels ou d’agressions psychologiques. Près de 60% des enfants âgés de 1 à 14 ans ont subi des châtiments corporels, dont 10% de manière sévère. Cette pratique est répandue dans toutes les catégories sociodémographiques et 60% des mères ou des personnes en charge des enfants croient que ces châtiments sont nécessaires pour éduquer correctement un enfant.
Protection juridique
L'UNICEF souligne les effets dévastateurs de ces violences sur les enfants. Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, a déclaré à cette occasion : « Lorsque les enfants subissent des violences physiques ou verbales chez eux ou lorsqu’ils sont privés des soins sociaux et émotionnels de la part de leurs proches, leur estime d’eux-mêmes et leur développement peuvent être mis à mal. » Ces violences incluent des agressions psychologiques telles que crier sur un enfant ou le traiter de « stupide » ou de « fainéant », ainsi que des châtiments physiques tels que secouer l’enfant, donner des claques, des fessées et, en général, tous les coups visant à faire mal sans causer de blessure. À l'échelle mondiale, environ 500 millions d'enfants de moins de 5 ans ne bénéficient toujours pas d'une protection juridique adaptée contre ces violences. Bien que de plus en plus de pays interdisent les châtiments physiques infligés aux enfants dans le cadre familial, des efforts supplémentaires sont nécessaires. En effet, à peine la moitié des 66 pays ayant proscrit ces pratiques ont adopté une législation au cours des 15 dernières années.
Le jeu : un droit fondamental
Pour la première fois, l'UNICEF a également publié des estimations sur l'accès des enfants à la possibilité de jouer. Les données, couvrant 85 pays, révèlent qu'un enfant de 2 à 4 ans sur cinq ne joue pas avec la personne qui s’occupe de lui à la maison et qu’environ un enfant de moins de 5 ans sur huit n’a pas de jouets. De plus, quelque 40% des enfants de 2 à 4 ans ne sont pas suffisamment stimulés et manquent d'interactions essentielles pour leur développement cognitif, social et émotionnel. Ainsi, L'UNICEF appelle les gouvernements à renforcer leurs efforts et à accroître leurs investissements pour protéger les enfants. Il s'agit notamment de renforcer les cadres juridiques et politiques interdisant toutes les formes de violence envers les enfants dans la sphère familiale et d'élargir l'accès aux espaces d'apprentissage et de jeu. Comme l’a souligné Mme Russell : « Des soins parentaux attentifs et axés sur le jeu procurent de la joie et permettent aux enfants de se sentir en sécurité, d’apprendre, de développer des compétences et de mieux comprendre le monde qui les entoure. »