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Culture

Quand l’art touche au cœur : Entretien exclusif avec Hassanein Hiridjee, mécène passionné

15/04/2025 10:57 © Moov.Mg

À l’occasion de la Journée mondiale de l’art, célébrée ce 15 avril 2025, et de l’ouverture de l’exposition carte blanche « Safiotra [Hybridités/Hybridities] » de l’artiste britannico-nigérian Yinka Shonibare à la Fondation H, nous avons rencontré Hassanein Hiridjee, entrepreneur, mécène et président de la Fondation H.

Installée à Ambatomena, en plein cœur d’Analakely, la Fondation H est aujourd’hui un acteur incontournable de la scène artistique à Madagascar. Dans cet entretien exclusif, Hassanein Hiridjee nous parle avec passion de son lien intime avec l’art, de ses souvenirs, de ses engagements et de ses rêves.

Quelle est la place de l’art dans votre vie personnelle ?

L’art occupe une place très importante dans ma vie personnelle. Il est très proche de mon cœur. Pourquoi ? Parce que lorsque je suis confronté à l’art, lorsque je me trouve dans un écosystème artistique, je suis profondément ému, touché, transporté.

L’art permet d’exprimer des sentiments, il réveille des réflexions, offre des clés pour mieux comprendre le monde. Il nous amène à voir les choses autrement, à relativiser, à interpréter différemment. C’est pour cela que l’art me touche autant, c’est une expérience profondément émouvante.

Avez-vous un souvenir marquant lié à une œuvre ou à un artiste ?

Oui, plusieurs. Mais une œuvre en particulier m’a beaucoup marqué, celle de Yinka Shonibare, l’artiste à qui nous consacrons l’exposition actuelle à la Fondation H. Lors de la Biennale de Venise l’année dernière, il avait réalisé une installation saisissante : une sorte de petite chapelle, habitée de figures ancestrales, de masques africains, des objets non restitués par la couronne britannique. Il avait installé cela dans une pièce à Venise, et j’ai été bouleversé par la force de cette œuvre. C’est un souvenir très fort pour moi.

Il y en a d’autres bien sûr. Par exemple, une œuvre d’El Anatsui exposée à l’étage ici, dans le cadre de Safiotra. C’est une pièce magnifique, qui m’a également profondément ému.

D’où vous vient cette passion pour l’art ?

J’ai commencé en tant que collectionneur, d’abord par esthétisme. Puis, au fil du temps, j’ai compris la portée de l’art, ce qu’il peut apporter dans la vie des gens, les émotions qu’il génère, tout ce que l’on apprend à travers lui. Et plus j’ai découvert, plus j’ai eu envie de partager. Je me suis dit : « Ce n’est pas normal que je garde cela pour moi. » J’ai voulu faire rayonner l’art dans notre écosystème, dans mon pays, auprès de mes compatriotes. C’est devenu une évidence.


Copyright Image : © Moov - Hassanein Hiridjee et l'artiste Yinka Shonibare

Selon vous, quel rôle peuvent jouer les entreprises, ou leurs dirigeants, par rapport à l’art ?

Je ne crois pas qu’il y ait un rôle prédéfini. Chacun fait comme il le sent. Je pense surtout qu’il faut agir avec le cœur. Il ne faut pas s’impliquer dans l’art simplement parce que d’autres l’ont fait. Si l’on ressent une émotion, un lien fort, alors oui, il faut le partager. Sinon, ce n’est pas nécessaire. Mais pour ceux qui aiment l’art, qui collectionnent et souhaitent aller plus loin, je pense qu’il est précieux de le rendre accessible, de partager avec le public. C’est là que cela devient porteur de sens.

Le mécénat peut-il être un levier de transformation sociale ?

Absolument. Le mécénat est un levier puissant. La Fondation H, par exemple, n’existerait pas sans cette volonté affirmée de soutenir l’art. Sans cela, il n’y aurait pas d’expositions régulières, pas d’artistes internationaux invités, pas de formations, pas de Prix Paritana. Aujourd’hui, nous avons accompagné plus de 100 artistes. Grâce à ce travail, certains sont mieux formés, ils exposent, ils se vendent, ils s’exportent même à l’international.

Et puis il y a les enfants. Chaque matin, des élèves des écoles primaires publiques viennent ici. Ils découvrent, ils ressentent. Cela crée des vocations. Qui sait ? Parmi eux se cachent peut-être les futurs Yinka Shonibare. C’est un levier formidable, oui, pour inspirer, pour transformer.


Copyright Image : © Moov - Hassanein Hiridjee devant le "Refugee Astronaut X" de Yinka Shonibare

Quels sont vos rêves, vos ambitions pour l’avenir de la Fondation H ?

La Fondation H n’est qu’un outil. Mon rêve, c’est qu’elle continue de briller, d’attirer des artistes de renom, de créer des ponts entre Madagascar, le continent africain et le monde.
Je veux que Madagascar soit pleinement inscrit dans ce village mondial, que le monde découvre la richesse et le talent de nos artistes. Il y a énormément de talents à Madagascar. Il faut le faire savoir, il faut les valoriser, pour ce Madagascar qui gagne !

Si vous pouviez collaborer avec n’importe quel artiste, qui choisiriez-vous ?

Je collabore déjà avec beaucoup d’artistes malgaches, et j’en suis très heureux. Je veux continuer dans cette voie, continuer de soutenir nos talents, notre jeunesse. C’est essentiel pour moi. Concernant les artistes africains ou internationaux, j’aime découvrir, j’aime être surpris. Et puis, comme je dis souvent : c’est toujours mieux qu’hier, et moins bien que demain.



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