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L'humoriste Pierre Palmade jugé pour son accident de la route sous drogues

20/11/2024 09:35 © Afp

Vingt-et-un mois après le crash, le procès: Pierre Palmade est jugé mercredi pour le grave accident de la route qu'il a causé en Seine-et-Marne sous l'emprise de stupéfiants, entraînant la chute ultra-médiatisée d'un humoriste populaire englué dans sa toxicomanie.

Le 10 février 2023 en fin de journée, Pierre Palmade prend le volant pour aller faire des courses, après plusieurs jours de fête et de consommation débridée de drogues. Sur une route du sud du département, sa voiture percute un véhicule venant en face.

Outre le comédien d'alors 54 ans, l'accident fait trois blessés graves d'une même famille: un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sœur de 27 ans, qui perd après le choc le bébé qu'elle attendait.

Un accident corporel de la route parmi les 52.000 recensés en France métropolitaine cette année-là. Mais du fait de la notoriété du mis en cause, cette collision-ci va exploser en une tempête médiatique d'une rare intensité.

Au fil des révélations en cascade sur le mode de vie et les addictions de cet artiste à la dérive, le grand public découvre avec stupeur la face sombre d'un humoriste populaire, bien qu'un peu passé de mode, qui mettait en scène depuis 30 ans sa lutte contre ses terreurs existentielles.

Débats juridiques

Après une grosse année d'information judiciaire, la juge d'instruction a renvoyé fin mai Pierre Palmade devant le tribunal correctionnel de Melun du seul chef de blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues.

Elle n'a pas retenu la qualification d'homicide involontaire, que le parquet avait requise pour la perte du fœtus en estimant que cette épineuse question à la confluence de la bioéthique et du droit méritait un "débat devant la juridiction de jugement".

Dans la foulée de l'accident, le bébé est extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, mais déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.

Or, selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s'est prononcée sur des cas semblables d'accidents de la route, un enfant qui n'est pas né vivant n'existe pas en tant que personne légale.

"L'interprétation stricte de la loi pénale n'autorise pas à réprimer et donc à poursuivre des faits d'homicide involontaire dans le cas d'un enfant qui n'est pas né vivant, ce qui est le cas" dans l'affaire Palmade, a estimé la juge d'instruction dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, consultée par l'AFP.

"Faute de conduite"

En cette fin de journée de février, Pierre Palmade a une importante quantité de cocaïne et de 3MMC (une drogue de synthèse) dans le sang lorsqu'il prend le volant avec deux compagnons de "bringue", qui n'ont pas été poursuivis.

Son heure de gloire des années 1990-2000 derrière lui, lourdement endetté, l'humoriste est tellement englué dans sa toxicomanie qu'il n'arrive plus à travailler.

Sur la départementale 372 au niveau de Villiers-en-Bière, la Peugeot 3008 de sa société de production se déporte sur la voie de circulation inverse et percute de plein fouet la Renault Mégane de la famille Y., qui arrive en sens inverse.

Bien que l'artiste dise ne pas avoir de souvenirs de l'accident, "Pierre Palmade a commis une faute de conduite lorsqu'il a soudainement tourné le volant, amenant ainsi son véhicule à rouler à contre-sens", a conclu la juge d'instruction.

Les membres de la famille blessée subissent encore les séquelles physiques et psychologiques de l'accident.

Lors de son premier interrogatoire devant la juge d'instruction, Pierre Palmade s'est dit "catastrophé" des conséquences de l'accident pour les victimes.

"Je suis obsédé par ça, par le bébé qui est mort (...). Je suis dangereux à cause de la drogue, je suis un chic type, je suis quelqu'un de bien", avait déclaré l'artiste, qui a lui-même perdu son père dans un accident de la route à l'âge de 8 ans.

Pierre Palmade se trouve en état de récidive légale en raison d'une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants. Il encourt ainsi une peine de quatorze ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende.

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