Financement climatique - Madagascar sollicite 24,4 milliards USD auprès de la communauté internationale

Lors d'une table ronde tenue hier, le ministre de l'Économie et des Finances, Rabarinirinarison Rindra, a annoncé que le pays a besoin de 24,4 milliards USD d'ici 2030 pour faire face aux conséquences du changement climatique. Cette rencontre, organisée avec des représentants des institutions de Bretton Woods et des partenaires internationaux, a été l’occasion pour Madagascar de réaffirmer la légitimité de ses demandes de financement. Selon le ministre, ces fonds sont indispensables pour soutenir les efforts d’adaptation et de reconstruction face aux désastres climatiques fréquents. « Madagascar est l’une des premières victimes des changements climatiques, causés principalement par les pays les plus industrialisés. Pourtant, nous contribuons de manière significative à la séquestration des gaz à effet de serre », a-t-elle souligné. Elle a ajouté que le pays est constamment contraint de s’endetter auprès de ces mêmes nations, ce qu’elle qualifie d’injustice. En effet, Madagascar, bien que figurant parmi les pays les plus vulnérables aux effets du climat, est l'un des plus faibles émetteurs de CO2. Chaque année, Madagascar subit de plein fouet des catastrophes naturelles, en particulier des cyclones dévastateurs. Le ministre a rappelé les pertes liées aux cinq cyclones de 2021-2022, dont Batsiray, le plus dévastateur, qui ont coûté à la Grande Île 770 millions USD, soit 4,2 % de son PIB. Cependant, seulement 10 % de cette somme a été récupérée sous forme d’aide internationale. Selon elle « Il est juste que les pays riches, responsables du dérèglement climatique, assument une part de ces coûts ».

Annulation des dettes

En parallèle, Madagascar a formulé une demande claire : l’annulation de certaines de ses dettes climatiques. Le gouvernement souhaite que ces dettes soient converties en investissements destinés à financer les projets de développement économique et social du pays, en particulier ceux inscrits dans le Plan Général de l'État (PGE). la ministre a souligné que de telles initiatives avaient déjà vu le jour en 2002, permettant de relancer l'économie malgache. Selon elle, « Madagascar doit choisir entre se reconstruire constamment après les catastrophes climatiques ou investir dans son développement ». Actuellement, la capacité d’endettement du pays s’élève à 800 millions USD par an, un montant insuffisant pour répondre à ses besoins. Les représentants des institutions de Bretton Woods présents à cette table ronde se sont montrés réceptifs aux arguments malgaches. Si la demande de Madagascar est acceptée, les 24,4 milliards USD seront répartis comme suit : 11,6 milliards pour l’adaptation, 7,3 milliards pour l’atténuation des effets du changement climatique, et 2,8 milliards pour les pertes et dommages.