Innovation : Deux nouvelles plateformes qui changent la recherche environnementale malagasy

Une nouvelle ambition

Dans les couloirs du Laboratoire de microbiologie de l’Environnement, le bruit discret des incubateurs remplace celui des conversations. Les techniciens ajustent leurs gants, les chercheurs vérifient les protocoles. Deux plateformes, installées depuis quelques jours, changent déjà la routine.
La première, dédiée à la microbiologie, respire l’odeur des cultures en devenir. Ici, les souches bactériennes et fongiques sont isolées, purifiées puis conservées pour des études de long terme. À quelques mètres, une chambre de culture attend les micro-organismes collectés en forêt, dans les sols ou dans l’eau. « Nous allons pouvoir tester leurs capacités in vitro, voir comment ils réagissent, comment ils interagissent », explique une doctorante, fière d’avoir désormais des outils que seuls certains laboratoires universitaires possèdent.
L’objectif est simple : comprendre les micro-organismes qui structurent les écosystèmes malagasy, mieux les caractériser, mieux les protéger.

La biologie moléculaire à portée de main

Un peu plus loin, la seconde plateforme fonctionne comme une salle de décodage. PCR, électrophorèse, préparation d’échantillons, séquençages… tout y est. Les tubes fluorescents s’alignent sous les lampes UV, révélant des bandes qui racontent une histoire génétique.
« Avant, nous devions envoyer nos échantillons à l’étranger, attendre des semaines, parfois des mois. Maintenant, nous pouvons analyser et interpréter ici même », résume le Dr Baohanta Rondro Harinisainana, coordinatrice du projet. À ses côtés, la Dr Clémence Chaintreuil insiste sur un point : la phylogénie. Construire des arbres évolutifs, identifier les lignées, suivre l’origine d’une bactérie ou d’un champignon, autant d’étapes désormais réalisables au CNRE.

Une autonomie scientifique qui prend forme

Grâce au financement de l’IRD et au cadre du projet JEAI_MADALEG, les jeunes scientifiques disposent enfin d’outils adaptés à leurs ambitions. Au-delà des machines, c’est une promesse : celle d’une recherche environnementale malagasy capable de produire, d’explorer et d’expliquer, sans dépendre systématiquement de ressources extérieures.