IFM - Rijasolo, à la recherche de l’invisible
À l’Institut français de Madagascar, le photographe Rijasolo dévoile une série d’images en noir et blanc qui explore la présence du sacré dans le quotidien.
Prolongée jusqu’au 31 octobre, son exposition « Madagascar, Terre des esprits » propose un regard inédit sur la relation entre mémoire, rituel et identité.
Le photographe des frontières
Chez Rijasolo, la photographie n’est jamais un simple témoin : elle devient un passage. Dans « Madagascar, Terre des esprits », présentée à l’Institut français de Madagascar, il s’intéresse à cet espace fragile où le visible rejoint l’invisible — là où la spiritualité imprègne encore les gestes, les visages et les paysages. Ses images, capturées en noir et blanc, révèlent une tension entre la matière et la croyance. Les ombres y tiennent lieu de mémoire, les contrastes deviennent langage. En agrandissant les formats, l’artiste donne à voir la densité du silence et la force des regards. Cette approche dépouillée, presque ascétique, transforme chaque photographie en une méditation sur le sacré. Prévue pour s’achever le 12 octobre, l’exposition a finalement été prolongée jusqu’au 31 octobre, permettant au public de prolonger cette immersion dans une esthétique du spirituel.
Entre rites et résonances contemporaines
Mais derrière cette quête du sacré se profile aussi un commentaire sur le présent malgache. Rijasolo, connu pour son travail documentaire sur la société et les mutations urbaines, déplace ici son objectif vers les formes vivantes de la tradition. Ses clichés ne montrent pas la foi comme folklore, mais comme une manière d’habiter le monde, de maintenir un lien entre générations. L’expérience est renforcée par la performance sonore d’Encoder Experiment lors du vernissage du 19 septembre, qui mêlait vibrations et nappes électroniques. Ce dialogue entre son et image inscrit l’exposition dans une forme d’art total, où le rituel rencontre la technologie. En choisissant de donner corps à l’invisible, Rijasolo propose une lecture intime de la culture malgache : un pays où la modernité s’écrit toujours à l’encre des ancêtres. « Madagascar, Terre des esprits » devient alors moins une exposition qu’un rite visuel — un espace où la photographie réinvente la mémoire.