Transition à Madagascar : le monde culturel demande un accompagnement, non des sanctions
Dans une lettre ouverte publiée ce week-end, plusieurs figures du monde culturel malgache demandent à la communauté internationale de ne pas sanctionner Madagascar à la suite du changement de régime, mais d’accompagner la transition engagée par la jeunesse.
Une mobilisation populaire pacifique
Trois semaines après le début des manifestations du 25 septembre 2025, Madagascar a connu un tournant politique majeur. Le mouvement, d’abord motivé par des revendications liées aux pénuries d’eau et d’électricité, a rapidement pris une dimension plus large. Le 12 octobre, les forces armées ont rejoint les manifestants, entraînant la chute du gouvernement et la fuite du président Andry Rajoelina. Les signataires de la lettre ouverte estiment que ce basculement est le fruit d’un « élan populaire » conduit par la jeunesse, et non d’un coup d’État. Ils soulignent la mobilisation pacifique d’une génération qui, selon eux, a voulu « reprendre son avenir en main » face à des décennies de difficultés économiques et sociales.
Dans leur message, les auteurs rappellent que la jeunesse malgache aspire à une « refondation démocratique » et à une gouvernance plus transparente. Ils évoquent notamment la mise en place d’un gouvernement de transition inclusif, l’élaboration de réformes constitutionnelles et la lutte contre la corruption. Selon eux, les causes profondes du mouvement dépassent les revendications matérielles : il s’agit d’une exigence de justice, d’équité et de perspectives nouvelles pour un pays où la majorité de la population vit dans la précarité.
Reconstruction politique et économique
Les artistes et écrivains expriment également leur préoccupation face à la réaction de certaines organisations régionales et internationales. L’Union africaine, notamment, a annoncé des sanctions automatiques en réaction à la chute du régime, au nom du respect de l’ordre constitutionnel. Les signataires appellent à une lecture plus nuancée des événements. Ils estiment que les mesures punitives risquent d’affaiblir une population déjà fragilisée et de compromettre la transition démocratique. « Lorsque les institutions sont fragiles, leur préservation mécanique ne garantit pas la justice », soulignent-ils dans leur texte. Pour les auteurs de la lettre, la communauté internationale doit accompagner la dynamique née du mouvement populaire plutôt que de la freiner. Ils invitent les partenaires de Madagascar à soutenir les efforts de reconstruction politique et économique menés par la société civile et la jeunesse.
La lettre ouverte est signée par plusieurs personnalités reconnues de la scène culturelle malgache, parmi lesquelles l’écrivain Soamiely Andriamananjara, l’artiste Fanja Andriamanantena, le peintre, écrivain et musicien Hemerson Andrianetrazafy, le journaliste chroniqueur Vanf Nasolo-Valiavo, l’écrivain RANOE, la romancière Michèle Rakotoson et la peintre Tiana Raparivo.