Grand Écran - "Disco Afrika" fait renaître le cinéma malgache

Un récit de jeunesse et de désillusion

Kwame, vingt ans, travaille dans une mine clandestine de saphir lorsqu’un drame survient : son ami meurt sous les balles. Contraint de rentrer dans sa ville natale de Tamatave, il se retrouve face à un pays rongé par la corruption et les inégalités. Entre sa mère, d’anciens camarades et les fantômes du passé, le jeune homme cherche un sens à sa vie et à son engagement.
Dans “Disco Afrika, une histoire malgache”, Luck Razanajaona met en scène cette errance morale et politique avec un réalisme poignant. Le film, porté par le jeune acteur Parista Sambo, explore le dilemme d’une génération partagée entre le gain rapide et la fidélité à ses valeurs. Ce parcours intime devient peu à peu une métaphore du destin d’un pays : celui d’une île où les rêves individuels se heurtent à la dureté du système.

Le cinéma comme acte de résistance

Pour son premier long métrage de fiction, le cinéaste malgache, né en 1985 et formé à Marrakech, s’empare du cinéma comme d’un outil de mémoire et de résistance. À travers le regard de Kwame, il interroge les silences de l’histoire nationale : la mort d’un père militant, la violence politique, la corruption économique, mais aussi les espoirs de renouveau. Le film déploie une écriture visuelle qui mêle passé et présent, réalisme et onirisme. Razanajaona filme Madagascar sans fard, mais avec tendresse, dans ses contrastes et ses contradictions. Il donne à voir un pays rarement représenté à l’écran, et une jeunesse en quête de repères dans un monde incertain.

Reconnaissance internationale

Présenté en avant-première mondiale au Festival international du film de Marrakech en 2023, puis à la Berlinale 2024, “Disco Afrika” a reçu une mention honorable du jury AG Kino et représentera Madagascar aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international. Cette reconnaissance consacre non seulement le talent de Luck Razanajaona, mais aussi le retour du cinéma malgache sur la scène mondiale, après des années de silence. “Disco Afrika” apparaît ainsi comme un film nécessaire une œuvre à la fois intime, politique et universelle, qui redonne voix à un peuple et à une génération longtemps restés dans l’ombre.