Anosy et Atsimo Andrefana : Des barrages de sable pour conjurer la soif et la faim
Face au manque d’eau dans les régions d’Anosy et d’Atsimo Andrefana, l’ONG Action contre la Faim construit des barrages de sable. Ces structures simples permettent aux populations d’avoir de l’eau potable plus facilement, d’irriguer leurs champs et d’améliorer leur alimentation, malgré la sécheresse et le changement climatique.
Des barrages de sable dans le lit des rivières
Dans le Grand Sud de Madagascar, les habitants font face à une sécheresse qui dure souvent plusieurs mois. La pluie se fait rare, les rivières s’assèchent et les sols deviennent de plus en plus pauvres. Trouver de l’eau potable devient difficile. Beaucoup sont obligés de boire l’eau de flaques, de puits non protégés ou de rivières sales, ce qui provoque des maladies comme la diarrhée ou le choléra. « Sans eau propre, les gens ont du mal à s’hydrater et à maintenir une hygiène de base, ce qui entraîne de graves risques sanitaires et une augmentation de la malnutrition », alerte Tantely Andriamiantra Ramonjison, responsable du département Eau, Hygiène et Assainissement chez Action contre la Faim (ACF) à Madagascar.
Pour répondre à ce problème, Action contre la Faim a trouvé une solution adaptée : construire des barrages de sable. Ces barrages sont installés dans le lit des rivières qui coulent seulement pendant la saison des pluies. Le sable transporté par l’eau est retenu derrière le barrage. L’eau de pluie s’y infiltre, reste stockée dans le sable, et peut être utilisée pendant toute l’année. Un barrage de 30 mètres de long peut contenir jusqu’à 18 000 mètres cubes d’eau. L’eau, gardée dans le sable, ne s’évapore pas facilement, ce qui permet de la conserver longtemps. Elle peut ensuite être utilisée pour boire, cuisiner ou arroser les cultures.
Une amélioration visible dans la vie quotidienne
Depuis la construction de ces barrages, les habitants de plusieurs localités, comme Bekompitsy, Beza ou Ianabinda, ont vu leur quotidien s’améliorer. L’eau est plus accessible, ce qui soulage les femmes et les enfants, souvent chargés d’aller la chercher. Les agriculteurs, eux, peuvent désormais irriguer leurs champs, même pendant la saison sèche. Cela leur permet d’avoir de meilleures récoltes et de diversifier leur alimentation. La réussite de ces barrages repose aussi sur la participation des habitants. Plus de 470 personnes, dont beaucoup de femmes et de jeunes, ont été recrutées pour construire ces ouvrages. Cela a permis de créer des emplois temporaires et de renforcer le sentiment d’unité dans les villages. Tananaze, père de 14 enfants, a participé à la construction d’un barrage. Grâce à l’argent gagné, il a acheté du bétail et a pu améliorer la vie de sa famille. « Aujourd’hui, mes enfants mangent à leur faim et mes champs produisent plus », raconte-t-il avec fierté. En s’impliquant dans ces projets, les habitants prennent conscience de l’importance de bien gérer leurs ressources naturelles. Ils deviennent les premiers responsables de leur propre avenir.
Baisse des financements du secteur humanitaire
Malgré les effets positifs, le projet est menacé par la baisse des aides financières. Le barrage construit à Ianabinda, par exemple, a été endommagé par deux cyclones en début d’année. Mais faute de budget, il n’a pas pu être réparé. Cette baisse des financements touche tout le secteur humanitaire à Madagascar. De nombreux projets d’eau, de santé ou de nutrition sont ralentis ou arrêtés. Cela rend les communautés plus vulnérables, alors qu’elles sont déjà fortement exposées aux effets du changement climatique. Cependant, les barrages de sable ont prouvé leur efficacité dans des zones où l’eau manque cruellement. En plus d’améliorer la vie quotidienne des habitants, ils les aident à mieux faire face aux longues périodes de sécheresse. Pour que cette solution continue à bénéficier aux communautés du Sud, Action contre la Faim appelle à un soutien plus fort de ses partenaires. Dans un contexte difficile, ces barrages représentent un espoir concret pour rendre les villages plus résistants face aux crises.