Changement climatique : une menace pour la lutte contre le paludisme à Madagascar
À Madagascar, les cyclones tropicaux aggravent la situation du paludisme. Selon une étude récente, ces tempêtes provoquent une hausse des cas d’infection, en particulier chez les enfants, et compliquent les efforts de prévention et de traitement.
Des tempêtes de plus en plus fréquentes
Madagascar est régulièrement touchée par des cyclones tropicaux, en raison de sa position dans l’océan Indien. Ces phénomènes deviennent plus fréquents et plus violents à cause du changement climatique. Ces dernières années, des cyclones comme Batsirai (2022) et Freddy (2023) ont causé d’importants dégâts : bâtiments détruits, inondations, routes coupées et centres de santé endommagés. Ces catastrophes naturelles ont également déplacé des milliers de personnes et perturbé l’accès aux soins. Environ 112 000 personnes ont eu besoin d’une aide humanitaire après le passage de Batsirai, et près de 290 000 après Freddy.
Des chercheurs de l’université de Princeton, aux États-Unis, ont mené une étude dans le district de Mananjary, région Vatovavy, entre 2021 et 2023. Ils ont suivi 500 foyers avant et après le passage des cyclones pour mesurer les effets sur la transmission du paludisme. Les résultats, publiés dans la revue Science, montrent une nette augmentation des cas après les tempêtes. Jusqu’à la moitié des enfants d’âge scolaire et plus d’un tiers des plus jeunes ont été infectés dans les deux mois suivant les cyclones. Le paludisme, transmis par les piqûres de moustiques, profite des conditions créées par les cyclones : stagnation des eaux, humidité et rupture des services de santé.
Une épidémie en cours à Ikongo
Les cyclones endommagent les infrastructures sanitaires et perturbent les campagnes de prévention, comme la distribution de moustiquaires ou les opérations de dépistage. Ils compliquent aussi l’accès aux traitements, en particulier dans les zones enclavées. Ces interruptions augmentent les risques de propagation du paludisme. Les chercheurs ont simulé différents scénarios : dans tous les cas, les perturbations liées aux cyclones entraînent une hausse significative des infections. Ces résultats montrent que les efforts de lutte contre le paludisme doivent tenir compte de ces événements climatiques extrêmes. Le district d’Ikongo, situé dans la région voisine de Fitovinany, est actuellement confronté à une épidémie de paludisme. Cinq communes enregistrent une centaine de nouveaux cas chaque jour. Selon un rapport officiel diffusé le 18 juillet sur la chaîne nationale, 333 cas ont été confirmés en une semaine. Cette situation rappelle que la maladie reste un problème majeur de santé publique à Madagascar.
Madagascar n’a pas encore introduit le vaccin antipaludique dans son programme de santé. L’étude montre cependant que la vaccination pourrait réduire de moitié les cas de paludisme symptomatique après les cyclones. Toutefois, les chercheurs rappellent que le vaccin ne remplace pas les autres mesures. Ils insistent sur l’importance de renforcer les infrastructures de santé, de poursuivre la distribution de moustiquaires, et de développer des stratégies adaptées aux périodes de crise. Face au changement climatique, la lutte contre le paludisme doit évoluer pour rester efficace.