Hygiène menstruelle : Un enjeu d’éducation et de dignité pour les filles malgaches
À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, célébrée ce 28 mai 2025, l’ONG CARE met en lumière ses actions menées à Madagascar pour combattre la précarité menstruelle. À travers le projet Kilonga, l’organisation œuvre pour améliorer les conditions d’hygiène dans les écoles, sensibiliser les communautés et favoriser la scolarisation des filles.
À Madagascar, les menstruations restent un sujet tabou. De nombreuses filles découvrent leurs premières règles sans explication préalable et n’osent pas en parler, ni à leurs proches ni à l’école. Ce manque d’information renforce la stigmatisation autour de ce phénomène naturel et engendre un sentiment de honte, voire d’exclusion.
Des règles encore taboues
Dans un contexte de pauvreté, l’accès aux protections menstruelles reste difficile pour de nombreuses familles. Les femmes et les filles ont souvent recours à des alternatives inadaptées, comme des morceaux de tissu, qui peuvent présenter des risques pour la santé et ne garantissent pas une protection suffisante. Ce manque de solutions adéquates nuit au bien-être, à l’hygiène et à la dignité. Par ailleurs, l’environnement scolaire ne permet pas toujours aux filles de gérer leurs règles dans de bonnes conditions. Le manque de toilettes sécurisées, l’absence de lieux de lavage et la peur des moqueries favorisent l’absentéisme. Certaines élèves s’absentent chaque mois, ce qui augmente le risque de décrochage scolaire. À Madagascar, seule une fille sur quatre termine le cycle du collège.
Depuis 2021, l’ONG CARE intervient dans les établissements scolaires à travers le projet Kilonga. Des séances d’information sont organisées avec les élèves, les enseignants, les parents et les responsables pédagogiques afin de briser les tabous, promouvoir l’hygiène menstruelle et fournir des réponses claires aux interrogations des jeunes filles. Selon des témoignages recueillis, ces échanges ont contribué à une meilleure communication au sein des familles.
Un programme d’action dans les écoles
Dans la région d’Amoron’i Mania, seulement 34 % des écoles disposent de toilettes équipées de verrous. Pour remédier à cette situation, CARE a réhabilité ou construit des installations sanitaires dans plus de 105 écoles à travers le pays. Des stations de lavage des mains ont également été mises en place. Ces équipements visent à offrir aux élèves un environnement propice à une bonne hygiène, notamment en période menstruelle. Le projet Kilonga comprend aussi des ateliers durant lesquels les écolières apprennent à fabriquer des protections menstruelles lavables et réutilisables. Cette solution permet non seulement de lutter contre la précarité menstruelle mais aussi de proposer une alternative écologique et économique. En outre, l’initiative de CARE intègre un volet d’autonomisation économique. Des femmes couturières ont été formées pour confectionner des serviettes hygiéniques lavables. Ces produits sont ensuite achetés par l’ONG et distribués gratuitement dans les écoles. Cette approche favorise la création d’activités génératrices de revenus au niveau local.
À ce jour, le projet Kilonga a permis de soutenir environ 20 000 élèves. Selon CARE, les résultats sont positifs : meilleure assiduité scolaire des filles, renforcement de la confiance en soi et appropriation des bonnes pratiques en matière d’hygiène. Une deuxième phase du projet est en cours et prévoit d’étendre les actions à plus de 140 établissements supplémentaires.