Arema – RPR : Tension entre les deux sœurs Ratsiraka
Le parti Arema, qui éprouve encore une grande difficulté à se relever après des années d’abandon de l’arène politique, est déjà sapé par son nouveau “frère-rival” qui vient de naître. Les deux sœurs Ratsiraka, Annick et Sophie, sont au cœur de la tension.
La carrière politique qui a hanté depuis longtemps Sophie Ratsiraka finit par la posséder après son accession au poste de ministre de l’Artisanat sous le gouvernement de Christian Ntsay. À peine investie, la deuxième fille de Didier Ratsiraka a décidé de piétiner les plates-bandes du parti Arema, enfanté par son père. Sophie Ratsiraka vient de créer le « Rassemblement des pro-Ratsiraka » (ou RPR) qui va « réunir tous les partisans de l’ancien président Didier Ratsiraka ». Sous cette forme, le RPR compte rameuter les partisans de Didier Ratsiraka sous une nouvelle bannière autre que l’Arema. Mais la nouvelle formation dirigée par Sophie Ratsiraka ne compte pas aller recruter plus loin pour grossir ses rangs. Elle veut pêcher dans le même étang que l’Arema, voire même dans son propre camp. Et la récolte ne se fait pas attendre. Certaines figures connues du régime Ratsiraka affichent déjà leur appartenance au RPR de Sophie Ratsiraka. Le soutien se fait aussi entendre. « Les partisans de Didier Ratsiraka peuvent toujours s’organiser », a soutenu Jean Emile Tsaranazy qui ne désavoue pas l’initiative RPR de Sophie Ratsiraka. Pourtant, la face actuelle du RPR qui compte construire son identité en piochant dans sa propre famille politique, le montre en, ni plus ni moins, une transfuge du parti Arema.
Fatal. Le coup orchestré par les partisans de Sophie Ratsiraka va affaiblir le parti Arema qui a toujours du mal à se relever après des décennies de mise en veilleuse. Déjà que ce parti fondé par Didier Ratsiraka, et actuellement dirigé par la fille de cet ancien président, a toute la peine du monde pour retrouver son dynamisme et accueillir de nouveaux membres, voilà déjà que le RPR se met sur sa route et lui inflige un coup qui peut lui être fatal. Les deux filles Ratsiraka misent alors sur le peu de capital politique qu’avait laissé leur père pour construire leur notoriété dans l’arène, et finissent par exposer leur rivalité. La tension, qui se révèle en public, ne date pas d’hier entre les deux sœurs Ratsiraka. La fille cadette de la fratrie Ratsiraka est toujours reconnue pour ses ambitions politiques. Mais, elle n’aurait pas eu la « bénédiction » de son père qui aurait déjà fait son choix et mise sur la benjamine de la famille. De son vivant, Didier Ratsiraka préférait s’afficher aux côtés de Annick Ratsiraka qui, en tout cas, l’accompagnait toujours en public. Et lorsqu’elle a pris les rênes du parti Arema, le patriarche s’est abstenu de la désavouer. Au contraire, les partisans inconditionnels de Didier Ratsiraka se sont alignés derrière Annick Ratsiraka.
Ambitieuse. Le consentement du père Ratsiraka serait donc indiscutable pour le compte de Annick Ratsiraka à la tête de l’Arema qui veut rajeunir ses troupes. L’ambitieuse Sophie Ratsiraka, quant à elle, devait toujours rester dans la seconde zone. Mais la disparition de Didier Ratsiraka a emporté l’ombre qui planait sur la carrière politique de l’actuelle ministre de l’Artisanat. Elle se hisse sur le devant de la scène après avoir pris le costume de ministre dans le gouvernement Ntsay. Pourtant, la fille cadette de Ratsiraka n’est pas reconnue comme étant une représentante de l’Arema au sein du gouvernement. « Nous n’avons à aucun moment présenté un candidat ministre, et nous ne sommes pas, à cet effet, représentés dans l’actuel gouvernement », a souligné Annick Ratsiraka, secrétaire nationale du parti Arema, le 29 mars dernier. Cette déclaration sonne comme un désaveu de sa sœur qui siège au sein de l’exécutif. Quoiqu’il en soit, la politique anime toujours la famille Ratsiraka avec deux sœurs qui veulent s’emparer, chacune, de l’héritage politique de leur défunt père.
Rija R.
