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Nationale

Commémoration du 29 Mars 1947 - Un souvenir tombé dans l’oubli

24/03/2022 04:00 © Moov

Cette année marque le soixante-quinzième anniversaire de l’insurrection d’indépendance du 29 mars 1947. Une date historique qui fait de plus en plus face à un désintérêt général.


Dans l’indifférence. À l’allure où vont les choses, la commémoration du 29 mars 1947, risque de se tenir de façon banale. Il s’agit pourtant du soixante-quinzième anniversaire de cette date importante de la lutte pour le retour à l’indépendance de Madagascar.
Le 29 mars 1947 est le coup d’envoi d’une insurrection populaire dans le but d’arracher aux mains du colonisateur français, l’indépendance de Madagascar. Un acte violemment réprimé par le pouvoir colonial. Le nombre exact des victimes ne fait toujours pas l’unanimité, seulement, il est certain qu’il se chiffre en dizaines de milliers. Durant son pas sage à Madagascar, en 2016, dans le cadre du sommet de la Francophonie, François Hollande, ancien président français, a qualifié les exactions françaises de l’époque de répression brutale.

L’ancien président français a parlé de répression brutale, alors qu’il rendait hommage aux victimes des exactions coloniales, devant le monument aux morts sur le lac Anosy. C’était une porte ouverte pour une action diplomatique par la partie malgache afin de réclamer de la France, une reconnaissance officielle de ces actes de violence. Seulement, cela n’a pas été fait. Un point qui indique un sentiment mitigé sur le poids et le sens historique de l’insurrection d’indépendance du 29 mars 1947.

Ce sentiment ambigu et cet engouement mitigé pour marquer la date du 29 mars 1947 ne datent pas d’aujourd’hui, visiblement. Questionné par la presse en 2005, Marc Ravalomanana, ancien président de la République, pérorait son désintérêt sur le sujet, soutenant qu’il n’était pas encore né à cette époque. L’événement n’a été commémoré officiellement qu’à partir de 1967. La journée du 29 mars est même chômée, mais payée. Outre que ce soit un jour férié et s’il n’y avait pas les cérémonies officielles, cette date pourrait passer inaperçue, notamment, actuellement.

« Ce qui fait que cette date soit importante dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance, la liberté à Madagascar est que le mouvement s’est élargi à toutes les couches de la population, notamment, les paysans. Avant, seuls les élites et les intellectuels s’y engageaient concrètement », explique le docteur Denis Alexandre Lahiniriko, enseignant-chercheur au département d;histoire de la Faculté des lettres à l’Université d’Antananarivo.

L’universitaire regrette, toutefois, que les commémorations ne soient juste que pour commémorer. Le docteur Lahiniriko explique cette indifférence apparente envers les événements du 29 mars 1947, par une méconnaissance de l’histoire et l’absence d’intériorisation des valeurs, des aspirations et des enjeux qui ont amené à ces événements. L’historien ajoute, certes, cette date figure dans les manuels scolaires, mais à l’école nous apprenons, surtout, pour réussir les examens et non pas savoir et connaître.

Depuis quelques années, pourtant, particulièrement depuis le soixante-dixième anniversaire de l’insurrection d’indépendance, en 2017, l’État s’applique à mettre l’accent sur le patriotisme. Le but est de capitaliser sur les valeurs nationalistes portées par l;événement afin d’impulser un élan national dans la lutte contre la pauvreté et la quête du développement, aujourd’hui. Malgré les thèmes officiels des différentes années, les cérémonies et les discours des autorités politiques, cependant, l’enthousiasme patriotique escompté ne dépasse pas les journées de commémoration.

Le fait que, contrairement au 26 juin 1960, qui marque le retour à l’indépendance, il ne s’agit pas de fête, mais de commémoration d’événements tragiques, pourrait expliquer cette indifférence, selon le docteur Lahiniriko. D’un autre point de vue, le public est souvent tenu à l’écart des cérémonies et événements autour du 29 mars 1947. Outre les cérémonies officielles, les activités de mémoire comme les expositions, les conférences partagées sont murées dans des cadres scolaires, académiques ou les musées militaires.
Un temps, des organisations ont organisé des expositions sur des places publiques afin de rappeler au grand public l’importance des événements de 1947 dans l’histoire du pays. Cet élan d’approcher la population et de l’impliquer dans les activités de commémoration a, toutefois, été douché par la pandémie du coronavirus et les restrictions sanitaires qui l;accompagnent. Ces deux dernières années, les cérémonies officielles pour commémorer la date du 29 mars, se sont déroulées à huis clos.

« Cette indifférence indique, par ailleurs, que le nationalisme, en tant qu’idéologie mobilisatrice, s;est étiolé, pour ne pas dire faible », regrette le docteur Lahiniriko. Une valeur mobilisatrice est cependant nécessaire actuellement, face aux enjeux du développement. Après deux années de commémoration en berne, la situation sanitaire largement favorable, devrait permettre d’organiser des événements pour marquer le coup et les esprits pour les 75 ans du 29 mars 1947. Jusqu’ici, peu d’informations filtrent sur les préparatifs étatiques.

Selon le Conseil des ministres du 23 février, des cérémonies de commémoration se tiendront dans les vingt-trois régions. Les plus importantes seront, toutefois, à Antananarivo, Manakara et Moramanga. Il y aura, du reste, des activités pour faire connaître l’histoire du pays et les traditionnels honneurs aux militants et combattants pour le retour à l’indépendance. L’ouverture officielle des commémorations, selon les informations, se fera par un culte oeucuménique, suivi du vernissage d’une exposition au camp Lieutenant Randriamaromanana, à Analakely.

 

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