Flux financiers - Des mesures sévères pour rapatrier les devises
Le Conseil des ministres d’avant-hier a imposé des directives strictes pour que le rapatriement des devises, générées par les exportations, profite à l’économie nationale. Gare aux contrevenants.
Frapper un grand coup. Voilà des mois que le président de la république Andry Rajoelina a donné des directives strictes pour ramener les devises issues des exportations. Il a suggéré aux responsables de prendre toutes les dispositions légales afin de contraindre les exportateurs à se soumettre aux exigences de l’État. Alors le Conseil des ministres a décidé que « les récalcitrants à leurs obligations seront notifiés des forfaits qu’ils ont commis. Après quoi, ils auront le temps pour régulariser leurs arriérés envers le Marché interbancaire de devises, MID. L’État fait tout pour encourager ces opérateurs à rejoindre le droit chemin. Mais s’ils persistent à emprunter la voie de l’illégalité, des sanctions vont tomber». Un avertissement sans frais.
Des pseudos-entrepreneurs de la vanille et du girofle, par exemple, ont été « triés », mis sur la touche pour avoir transgressé ces obligations élémentaires. Ils ont été exclus du marché auquel ils prétendaient être des acteurs principaux. Ils nuisent à la qualité des exportations et torpillent à l’intérieur les prix de ces produits.
En 2021, 2 164 entreprises exportatrices ont été averties des infractions financières qu’elles ont commises, contre 1 533 en 2020. Il semble donc que la tendance à ne pas respecter les bonnes conduites commence à prendre de l’ampleur. Le Conseil des ministres a rappelé que « si au début, il n’a été question de lettre d’engagement, il a été décidé de supprimer des comptes SIGOCé. Pas moins de 9467 sociétés ont été concernées par cette pénalisation en 2021 ».
Selon des chiffres récents, 395 millions de dollars qui devaient alimenter le MID, sont placés quelque part. Enfouis dans des bas de laine, si l’on peut dire, ou emmitouflés aux valeurs refuge d’un circuit financier parallèle prospère. Voilà pourquoi, il serait temps de modifier le mécanisme de fonctionnement du MID, en vigueur depuis 1995. Placé sous les modes d’emplois d’un système de change flottant avec les bénédictions de Switch. Une trouvaille du ministre des Finances de l’époque, José Yvon Raserijaona.
Il est attendu une belle réaction de la monnaie nationale sur l’échelle des valeurs du MID suite à ces prises de positions sans équivoque du Conseil des ministres. Car, la maîtrise du taux d’inflation, aussi aléatoire qu’il soit, passe par les parités monétaires. Un sursaut national ne serait pas de trop sur ce front financier.