Remaniement - Les cyclones offrent un sursis au gouvernement
Un sursis. C’est ce que les salves cycloniques qui se suivent depuis la mi-janvier offrent au gouvernement. Alors que des voix au sein-même des tenants du pouvoir poussent pour que Andry Rajoelina, président de la République, procède à une recomposition de l’Exécutif, la gestion des urgences et la reconstruction des dégâts cycloniques priment sur les questions politiques actuellement.
Après Ana, Batsirai et Dumako, un quatrième cyclone, Emnati, est en train de souffler sur Madagascar. La côte Est, une fois de plus, est en frontline. Pour assurer la coordination des actions étatiques afin de faire face à ces catastrophes naturelles, la distribution des aides d’urgence, la reconstruction rapide et pour affirmer une présence de l’État aux côtés de la population, le locataire d’Iavoloha a donné l’ordre d’un déploiement sur terrain des ministres. Aussi, la majorité des membres du gouvernement est-elle déployée sur terrain depuis plusieurs jours. Certains y sont encore.
«Difficile dans ces conditions de procéder à des évaluations, ou encore, de faire des entretiens autant des ministres en poste, que d’éventuels ministrables», explique une source avisée. Autant le président de la République, que le Premier ministre, les chefs de l’Exécutif qui font la sélection de l’effectif gouvernemental, eux aussi, multiplient les descentes sur terrain depuis les successions d’intempéries et de cyclones. Il est probable qu’ils se rendent à nouveau au front pour constater les éventuels dégâts causés par Emnati.
Invité sur le plateau de la radio Antsiva, avant-hier, en milieu de journée, Hery Rasoamaromaka, gouverneur de la région Analamanga, et secrétaire national du parti présidentiel «Tanora Malagasy vonona» (TGV), a déclaré que tous les responsables «font et feront l’objet d’évaluation». Le boss d’Analamanga a, notamment, cité les gouverneurs dont il fait partie, mais aussi, les membres du gouvernement. Pour l’heure, toutefois, celui au sommet de l’État a vraisemblablement les yeux braqués ailleurs.
À s’en tenir à ses propos durant un petit déjeuner de presse en début d’année, à Iavoloha, Andry Rajoelina n’est pas emballé par l’idée d'une nouvelle recomposition de l’effectif gouvernemental. Le chef de l’État avait alors mis en avant le temps perdu après chaque remplacement d’un ministre pour qu’un département soit pleinement opérationnel.
Il faut compter près de trois mois pour la prise en main, le rodage, l’édification d’un organigramme et la nomination des collaborateurs du nouveau ministre. Dans la mêlée, néanmoins, des voix gouvernementales s’élèvent pour défendre qu’en pareille situation, il y a trois points à considérer pour évaluer un ministre, «sa performance, sa compétence et s’il a une valeur ajoutée politique». La politique, justement, est le principal argument soulevé par ceux qui veulent un réajustement de l’équipe gouvernementale. La conjoncture tend, en effet, à imposer au président de la République de procéder, au moins, à un remaniement.
Déjà, il n’y a pas de titulaire au ministère des Mines et des ressources stratégiques, depuis le mois d’août. Il y a, surtout, la démission récente du ministre de la Justice suite à des scandales qui l#8217;embourbent dans des suspicions de corruption. À ceux-là s'ajoutent des malaises palpables dans le camp présidentiel, notamment, autant au niveau des soutiens politiques du locataire d’Iavoloha, mais surtout des députés de la majorité.
Un courant requiert du Président qu’il revienne vers sa base et famille politique, à un peu plus d’un an et demi de la prochaine élection présidentielle. D’autres, pour faciliter la tâche au chef de l’État, demandent aux ministres qu’ils estiment ou s’estiment défaillants, de démissionner. Personne ne cite de nom, pourtant. Dans les débats, un changement de Premier ministre est même soulevé. Outre offrir un sursis aux membres du gouvernement, les cyclones qui se succèdent pourraient, par ailleurs, leur permettre de s’illustrer sur terrain et sauver leur poste.