Albert Zeufack - « Il faut un consensus de croissance économique »
L’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, Albert Zeufack, a répondu aux questions de citoyens hier à Antaninarenina. Il insiste sur « un consensus » pour sortir de la pauvreté.
Un débat sur les conditions et les contraintes de la relance économique. La page facebook « Débattons de la relance économique » créée par Rivo Rakotondrasanjy, opérateur économique et actuel président du Fivondronan’ny Mpan# draharaha Malagasy (FIMPAMA), est sortie de son état virtuel.
Elle a, avec le groupe Think Tank Sangany, fait venir l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, Albert Zeufack, à Madagascar avec tout un staff qui a pour mission de « voir de près » la situation économique et sociale de Madagascar, à une table de débat. La Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo a accueilli le débat, axé sur la réflexion de l’économiste sur le contexte d’un redémarrage économique.
D’emblée, le modérateur, Rivo Rakotondrasanjy, a demandé les raisons d’être de l’institution de Bretton Woods à Madagascar qui injecte des millions de dollars depuis longtemps alors que la situation économique du pays est catastrophique d’année en année. Une réponse des plus classique a été donnée par Albert Zeufack. « Le développement est un processus long. Cela prend du temps » a-t-il souligné.
La réponse la moins classique a été de révéler que la croissance économique de Madagascar n’a pas évolué par rapport aux autres pays d’Afrique. « Madagascar enregistre un très faible taux de croissance, de seulement 2% en 2019, alors que le taux d’accroissement de la population est de 3% par an en moyenne. Le PIB actuel est inférieur à celui de l’année 1970. Le Rwanda, le Sénégal, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire connaissent une croissance malgré le covid, atteignant 6% et même plus » a détaillé l’économiste en chef.
Le problème est structurel et avec ou sans la pandémie, la pauvreté peine à baisser. « C’est un problème sérieux » a enchaîné le fonctionnaire de la Banque mondiale. Les situations sectorielles ont été épluchées, allant du tourisme aux mines, en passant par le textile. « Ce qu’il faut c’est un consensus de croissance économique entre tous les acteurs du pays… Le développement s’organise de façon endogène. C’est la nouvelle trajectoire pour cerner le cercle vicieux de la pauvreté » a proposé Albert Zeufack. Créer plus de niches dans le secteur du tourisme. Il ne suffit pas d’installer des hôtels et d’attendre des touristes.
Il faut plus. Pour les mines, il a pris l’exemple de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de l’Angola qui constituent 60% des mines de l’Afrique subsaharienne. Leur économie reste volatile car dépend beaucoup de la santé de leurs ressources minières. «L’exportation de matières brutes est une stratégie de développement qui ne marche plus. Il faut positionner ses ressources sur une stratégie de transformation de laquelle découlent des chaînes de valeur précises Isah Z. PswaPswarai» ajoute-t-il. Il en va de même pour les produits agricoles qui ne peuvent plus se contenter de l’agriculture de subsistance qui accapare 82% des pauvres en Afrique.
D’autres soucis comme l’énergie, le foncier, le marché financier, ont été évoqués par l’assistance. Une assistance composée d’économistes, d’analystes, d’entrepreneurs et même d’anciens ministres ont trouvé les deux heures et dix minutes trop justes.