Indépendance de la Justice - Le SMM se dresse contre des «pressions et menaces»
«Un ordre du juge adressé à un tiers de faire ou de s’abstenir de faire quelque chose». Telle est la définition simple du terme «injonction». C’est ce que le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), a émis dans un communiqué publié avant-hier.
Depuis son entrée en scène officielle, le 27 janvier, le nouveau bureau du SMM se veut visiblement réactif aux sujets qui touchent au système judiciaire et aux magistrats. Dans son quatrième communiqué de presse depuis cette prise de fonction officielle, les nouvelles têtes de gondole du Syndicat des magistrats dénoncent «des pressions, intimidations, voire des menaces». Ces affirmations découlent, selon les termes de la missive, de «saisines officielles (…) faites par plusieurs collègues magistrats en poste auprès des Cours et tribunaux».
Ces faits que subiraient certains magistrats et que le SMM qualifie «d’atteinte intolérable contre l’indépendance de la Justice», concerne des «dossiers sensibles dont certains ont défrayé la chronique», sans plus de précision. Allant à des connotations politiques, en passant par les dossiers de trafics d’or, ou encore, les scandales qui ont pris une dimension d’affaire d’État dernièrement, la liste des sujets ayant fait les titres des médias, et où il pourrait y avoir des «interventions», est longue. À ceux-là s’ajoutent des affaires de litiges fonciers impliquant des élus ou dans lesquels interviennent des acteurs politiques et portées sur la scène médiatique.
Le SMM émet ainsi «une injonction à cesser immédiatement toute interférence au fonctionnement normal des juridictions». Le Syndicat ajoute que ceux qui s’adonnent à ces «interférences», sont «diverses autorités et autres personnalités publiques identifiées ou identifiables». Il encourage même à garder la traçabilité «des différentes formes d’intervention ou de menaces téléphoniques de manière à pouvoir les déposer auprès des instances compétentes au moment opportun».
Pour la quatrième fois successive, le Syndicat des magistrats sort la carte des interventions de dépositaires de pouvoir publics ou politiques, dans ses levées de bouclier contre les entraves à l’indépendance de la magistrature et du magistrat. Seulement, dans plusieurs cas de figure, même les entités civiles, surtout au niveau local, contestent le sens de certaines affaires judiciaires et font pression dans le but de les influencer. Lutter contre les interférences politiques ne suffira pas, par ailleurs, à briser la crise de confiance entre la population et la Justice.
Durant sa prise de fonction, Mbitanarivo Andriantsihorisoa, président du SMM, a déclaré que le Syndicat compte s’impliquer dans l’éducation citoyenne et la vulgarisation des lois et procédures judiciaires. Que la méconnaissance des textes cause le manque de confiance envers la Justice. Des observateurs s’accordent cependant à dire que «les magistrats doivent également balayer devant leurs portes», «les juges doivent assainir leurs rangs». La grande majorité des affaires judiciaires sont loin d’être politiques.
Le sentiment d’injustice ressenti par les justiciables n’est pas fortuit. En l’état actuel des choses, les magistrats doivent aussi faire un travail conséquent pour briser les suspicions de corruption et la réputation d’abus d’autorité entretenue par le comportement de certains, surtout, hors des grandes agglomérations.