Garde des sceaux - Le SMM donne un profil de ministrable
«Le SMM fixe le profil suivant pour le futur garde des sceaux». Voilà l’introduction du point D, du communiqué de presse faisant suite à l’assemblée générale du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), pour la province d’Antananarivo, hier. Un point où, le SMM aborde de front la question de l’éventuelle nomination d’un nouveau ministre de la Justice.
D’une traite, le SMM veut que le prochain ministre de la Justice soit, «un magistrat intègre, gradé, ayant une longue expérience de la justice pour y avoir gravi tous les échelons, ayant le savoir-faire et le leadership nécessaire et déterminé à lutter pour l’indépendance de la Justice». Ces critères de la personne idoine, selon le Syndicat, pour siéger dans les bureaux du département sis à Faravohitra, ont été affirmés de vive voix par Mbintanarivo Andriantsihorisoa, son président, à l’issue de l’assemblée générale à la Cour Suprême, Anosy, hier.
Le président du SMM concède, néanmoins, que la nomination d’un membre du gouvernement est une prérogative du pouvoir politique. Seulement, le Syndicat «pose la réserve afin qu’une personne digne du poste soit nommée ministre. Il s’agit, d’autant plus, d’un ministère de souveraineté». Le SMM démarre ses assemblées générales par province dans un contexte où le monde la Justice vient d’être bousculé par la démission de Herilaza Imbiki, du poste de garde des sceaux. L’ancien ministre de la Justice a été emporté par une vague de suspicions de corruption, suite à des séries de vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué de presse publié, le 9 février, le Syndicat a déclaré que «la publication de ces multiples enregistrements est de nature à saper tous les efforts entrepris pour reconquérir la confiance du public envers la Justice».
De prime abord, le SMM veut que le prochain ministre de la Justice soit à même de relancer cette opération de reconquête de la confiance de la population. Pour l’heure, c’est Gisèle Ranampy, ministre du Travail, de l’emploi et de la fonction publique et des lois sociales, qui assure l’intérim au département de Faravohitra.
À Anosy, par ailleurs, le respect de l’indépendance de la Justice et des magistrats est l’autre thème largement discuté durant l’assemblée générale. Une indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, notamment. «Les ingérences politiques», sont systématiquement dénoncées. Le fait que le Syndicat compte s’impliquer dans l’éducation citoyenne pour vulgariser les règles et procédures judiciaires a, également, été réaffirmé, hier. Selon Mbintanarivo Andriantsihorisoa, l’ignorance des lois et procédures sont les principales sources des accusations de corruption des magistrats, ou des sentiments d’injustice.
Après sa prestation de serment, du reste, maître Alain Raondry, bâtonnier de l’ordre des avocats de Madagascar, a affirmé l’existence de la corruption au sein du système judiciaire, dont des magistrats. S’agissant des pressions politiques, des magistrats chevronnés soulignent toujours que l’indépendance «est dans la tête». Que même face à la subordination hiérarchique, toute démarche illégale ou contraire à l’intime conviction du magistrat doit être refusée.