Trafic d'or - Une société de Dubaï réclame les lingots
L’affaire des 73,5 kilos d’or saisis en Afrique du Sud connaît un nouveau rebondissement. Une entreprise dubaïote revendique la propriété des lingots et affirment être l’employeur des présumés contrebandiers.
Une complication. C’est ainsi qu’une source proche du dossier qualifie le tournant que prend la procédure judiciaire en cours en Afrique du Sud, sur les 73,5 kilos d’or saisis à l’aéroport de Johannesburg. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, hier, une entreprise sise à Dubaï est entrée dans la danse.
Cette société qui sera basée à Dubaï « se dit être le propriétaire de l’or et l’employeur des trois hommes interpellés », rapporte la missive ministérielle publiée, hier. L’entreprise et ses trois « employés », ont déposé une plainte devant « la Haute Cour sud-africaine ». Cette action judiciaire contre le ministère de la Police de la nation Arc-en-ciel, au motif que la détention des trois présumés contrebandiers et la saisie de l’or serait illégale.
L’audience relative à cette plainte de l’entreprise dubaïote, est prévue le 9 février. Ce rebondissement, explique la missive ministérielle, est la raison de l’ajournement de l’audience du 1er février, devant statuer sur le sort des trois présumés trafiquants, pour le 19 février. Le communiqué ajoute, par ailleurs, que c’est pour défendre ses intérêts et ses revendications que l’État a engagé un avocat sud-africain.
L’État martèle que les 73,5 kilos d’or saisis en Afrique du Sud, viennent de Madagascar, et revendique leur restitution. Il requiert également, l’extradition des trois contrebandiers présumés afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice malgache.
Seulement, au regard du fait nouveau rapporté par le ministère des Affaires étrangères, une question s’impose. À qui l’entreprise dubaïote a-t-elle acheté l’or ? Lorsque les autorités policières ont révélé la saisie des lingots d’or à l’aéroport OR Tambo de Johannesburg, elles ont précisé que sa destination finale devait être Dubaï. Une des personnes faisant l’objet d’un avis de recherche lancé par la gendarmerie, s’y trouverait.
Ces derniers jours, les débats sur cette affaire sont concentrés sur l’authenticité ou non des documents attestant les formalités d’usage préalables au vol partant de Toliara, pour Johannesburg. Après la prise en main du dossier par le Pôle anti-corruption (PAC), d’Antananarivo, huit des dix accusés placés en détention préventive sont présumés être impliqués dans les formalités ayant permis le vol transportant l’or.
Durant une conférence de presse de la gendarmerie nationale, à Andrefan’Ambohijanahary, hier, il a été indiqué que les investigations cherchent encore à identifier d’autres personnes mises en cause dans l’affaire, dont le ou les auteurs principaux. À entendre le général Njatoarisoa Andrianjanaka, commandant de la gendarmerie nationale, l’extradition des trois hommes détenus en Afrique du Sud, devrait faciliter l’enquête et identifier les commanditaires. Deux complices présumés de ses derniers sont, pourtant, détenus à Tsiafahy.
Devant la presse, l’officier général a confirmé que le vol pour l’Afrique du Sud, a bien obtenu le « clearance », de l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Sans quoi l’aéronef n’aurait pas pu atterrir à l’aéroport OR Tambo et ensuite, rentrer au pays. Sans remettre en cause l’authenticité du « clearance », notamment, l’illégalité de la délivrance des documents préalables au départ de l’aéroport de Toliara, pour Johannesburg a été martelé par la gendarmerie.
Au regard des risques, il est peu probable que le signataire du document de l’ACM, entre autres, ait agi sans garantie que le réseau ait un ou des commanditaires solides. Surtout qu’en cette période de pandémie, seuls sont autorisés les vols internationaux en partance d’Antananarivo ou Nosy Be. De prime abord, celui ou ceux ayant, éventuellement, vendu l’or à la société dubaïote, disposent de l’influence et des moyens nécessaires pour réussir « l’exportation illicite ».
Face aux journalistes, hier, les gendarmes ont réaffirmé la directive présidentielle selon laquelle, tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire doivent être traduits devant la justice. Peu importe leur statut et qualité. Un mal pour un bien, probablement, l’entrée en scène de l’entreprise dubaïote pourrait accélérer l’enquête afin d’identifier le ou les commanditaires au niveau national.