Nationale
Assemblée nationale - Les droits de l’homme remis en cause
La CNIDH a présenté son rapport d’activité de l’année 2018, aux députés, hier. Des parlementaires méconnaissent les enjeux des droits de l’homme.
Aberrant. La prise de position de certains députés au sujet des droits de l’homme, hier, à l’Assemblée nationale en a estomaqué plus d’un. La dizaine de parlementaire ayant pris la parole durant la séance plénière a clairement défendu les exactions, les vindictes et les exécutions extrajudiciaires, au motif de lutte contre l’insécurité.
Le rendez-vous devait pourtant permettre une prise de conscience des membres de la Chambre basse sur l’importance du respect des droits fondamentaux. La Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH), y a présenté son rapport d’activité de l’année 2018. Dans son exposé, Mireille Rabenoro, présidente de la CNIDH, a, notamment, indiqué que la recrudescence du non respect des droits de l’homme « bafoue l’État de droit ».
Certains députés semblent avoir été hermétiques à la plaidoirie de la CNIDH. « On dirait que la défense des droits de l’homme est fait pour favoriser l’insécurité en protégeant les malfaiteurs », scande un député dans sa prise de parole. Un autre a carrément requis que les citoyens et les forces de l’ordre, « dans leur autodéfense, puissent tuer les malfaiteurs lorsqu’ils sont identifiés », en prenant l’exemple des course-poursuites en zone rurale, en particulier.
Deux membres de l’Assemblée nationale ont reproché à la CNIDH une tendance à ne réagir que face aux exactions faites à l’encontre des malfaiteurs.
« Comme vous le dites, ce sont des malfaiteurs, des hors la loi. Les forces de l’ordre sont censées appliquer la loi. Ils ont reçu des formations dans ce sens. Ils connaissent la loi, dont les droits de l’homme », a répliqué la CNIDH. Elle a, du reste, rappelé que la précédente législature a aboli la peine de mort.
Ce rappel a été une manière de dire que l’exécution extrajudiciaire, par quiconque et quel qu’en soit le motif est illégale. Aux membres de l’Assemblée nationale, ces législateurs qui ont fustigé le respect des droits fondamentaux il a, également, été rappelé que Madagascar est un État de droit. Dans leur logique, ces parlementaires ne semblent pas tenir compte du principe de la présomption d’innocence et que dans un État de droit c’est à la justice de décider de la culpabilité ou non d’une personne.
La lutte contre l’insécurité a été martelée par les quelques parlementaires hier, pour motiver la remise en cause du respect des droits de l’homme. D’autres ont, toutefois, recadré leurs pairs en rappelant que le droit à la vie et le droit à une justice impartiale sont des fondamentaux incontournables. Que le respect des droits de l’homme distingue, notamment, les forces de l’ordre et les citoyens, des hors la loi.