Communales : Antananarivo à la recherche d’un maire kamikaze
La capitale est sans dessus-dessous. Pour redresser la situation et redonner ses lettres de noblesse à Antananarivo, il lui faudra un maire prêt à aller jusqu’au suicide politique.
Une tête brûlée de politique. C’est le genre de maire dont Antananarivo aura besoin. L’anarchie qui y règne impose à celui ou celle qui briguera la magistrature de la capitale de faire abstraction de tout atermoiement et de crainte des conséquences politiques de ses décisions et actions.
Qui sera à la hauteur ? Des questions qu’il faudrait, probablement, répondre en vue des élections communales. Le bilan catastrophique de Lalao Ravalomanana, maire d’Antananarivo, témoigne qu’une légitimité électorale et une assise politique confortable ne suffisent pas pour gérer la capitale.
L’entrée en jeu de Marc Ravalomanana, président national du parti “Tiako i Madagasikara” (TIM), érigé en conseiller spécial du maire n’a pas suffi à améliorer la gouvernance de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). L’insuffisance des ressources financières, ou encore, le conflit de compétences et politique entre les dirigeants de la commune et l’État central sont, souvent, invoqués pour expliquer le fait qu’Antananarivo soit sans dessus-dessous.
Certes, les enjeux politiques qui sont en jeu à Antananarivo, font qu’un bras de fer se joue souvent, entre les autorités communales et celles de l’État central, lorsque tous-deux ne sont pas de la même obédience politique. « Il y a, cependant, des décisions et des actes qui ne nécessitent pas de budget et qui sont tout à fait dans les prérogatives du maire», souligne, toutefois, un éditorialiste.
<strong>Populisme</strong>
Edicter des normes pour remettre de l’ordre dans les marchés, la circulation, ou encore, pour sévir contre les constructions illicites et les déjections dans les rues ne devrait pas nécessiter un budget particulier. Pour ne pas hypothéquer les chances de son favori à la présidentielle, le TIM a été hésitant dans la gestion de la ville. En conséquence, c’est l’autorité de la CUA qui s’est effritée.
Elle a pratiquement laissé le champ libre aux marchands qui envahissent les rues de la capitale. Les transporteurs et les tireurs de charrette font de la résistance à la moindre tentative de règlementation. Des décisions discutables ne plaident pas non plus en sa faveur. Il y a, notamment, les autorisations d’ériger des boxes sur les trottoirs et les parkings du centre ville, alors que la circulation est déjà infernale.
Parlant des élections communales face à la presse, mardi, Andry Rajoelina, président de la République, a taclé les responsables de la CUA. Selon le Chef de l’État ce sera à la population de juger si le maire a été à la hauteur ou non. « C’est à la population d’élire un maire capable de développer et de moderniser la ville », a-t-il ajouté.
Il est certain que l’État central mettra tous les moyens à la disposition d’un édile issu de sa famille politique. Seulement, les Oranges ont assaisonné leur ascension politique d’une forte dose de populisme.
Aussi, à la moindre contrariété, par exemple, les marchands de rue appellent à une intervention providentielle du Président. Pareillement, pour les tireurs de charrette. Même la préfecture de police qui représente l’autorité étatique dans la capitale, ne parvient pas à imposer ses décisions face « aux démunis », qui s’en réfèrent systématiquement au sommet de l’État pour pouvoir « subsister », à leur guise, au-dessus des lois.
L’État central risque de s’ingérer dans la moindre décision « impopulaires », un second mandat à Iavoloha reste, en effet, dans la balance. Même en étant pro-pouvoir, comment relever Antananarivo dans ces conditions ? Il ne suffit pas de construire des édifices clinquants. Il s’agit surtout de remettre de l’ordre dans cette pétaudière. Outre les moyens, il faudra une indépendance d’action, faire preuve d’autorité et d’intransigeance. Le maire d’Antananarivo ne devra pas craindre un suicide politique pour l’intérêt supérieur de la ville.