Report des communales - Les maires poussés vers la sortie
Les quatre vingt-dix jours nécessaires pour la convocation des électeurs aux communales sont dépassés. Procéder aux élections en octobre est bel et bien écarté du programme du gouvernement.
La position du gouvernement en vue de reporter les communales prévues se tenir le 28 octobre n’est pas comprise pour certains observateurs. Aucune date précise n’a été avancée pour la tenue des nouvelles élections. Sans attendre, les réactions s’enchainent après la déclaration du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation de reporter les communales. Les maires ne disposent plus que d’un mois et demi pour s’acquitter de leur mission dans leurs circonscriptions. Vu que le mandat de ces élus arrive à terme le 22 septembre, la question se pose sur la suite de leur parcours.
Vont-ils rester à la tête des mairies jusqu’à l’organisation des nouvelles élections ? En attendant, des politiciens s’activent à l’interpellation de l’État à procéder à la nomination de présidents de délégations spéciales (PDS) pour conduire les communes.
La réticence du gouvernement à organiser des élections signifie, pour des politiciens, un vide au sein des collectivités territoriales décentralisées. Autrement dit, des vacances de poste seraient à prononcer à défaut de texte qui autorise les maires de rester en poste. Mais la nomination de PDS serait également une voie possible pour le gouvernement d’assurer la continuité des activités au sein des Communes.
L’Observatoire Safidy est le premier à réagir sur ce changement de calendrier électoral. « Les élections sont faisables même si la date de 28 octobre n’est pas retenue. Une autre date pourrait être fixée jusqu’à mi-novembre ou vers début décembre », propose Désirée Marie Stella Razanamahefa, porte-parole de l’Observatoire Safidy.
La CENI, à travers son vice-président Thierry Rakotonarivo, a donné une brève explication des possibles modes de remplacement des maires après leur mandat. Soit les maires poursuivent leur mission par la prise d’un acte réglementaire, soit ils cèdent leur place aux PDS.
Pour l’Observatoire Safidy, la première possibilité est plus favorable afin d’éviter une éventuelle stratégie politique concoctée par l’État pour viser plus de pouvoir au sein des Communes.
Le plus important est toujours rester dans le cadre légal. La règle sur l’alternance démocratique par la voie des élections devrait être respectée. « Ainsi, nous suggérons au gouvernement de maintenir cette année l’organisation des communales. Sinon, une décision qui prévoit le rallongement du mandat des maires devrait être prise afin d’éclaircir les règles du jeu, notamment sur celui qui va assurer l’expédition des affaires au sein des Communes », insiste l’Observatoire Safidy.
Toutefois, à s’en tenir à la procédure électorale, la fixation d’une autre date exige la consultation de l’avis de la CENI sur la confection d’un nouveau calendrier. Le gouvernement a montré qui est le décideur sur la gestion des affaires publiques. La consultation des parties prenantes avant la prise de décision ne sera jamais envisageable, estiment les acteurs politiques. Alors que la sortie du décret de convocation des électeurs a été très attendue après la reconduction des ministres, notamment celui du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, le cas contraire a été déclaré. Les scrutins prévus en octobre, selon le planning de départ proposé par la CENI, ne tiennent pas.
Le fait d’esquiver la proposition d’emblée suscite le doute des citoyens sur les prérogatives et la réelle indépendance de la CENI.