Maladie transmissible - Crainte d’explosion du Vih/Sida
Les victimes du Vih/Sida dépistées ne cessent d’augmenter. Des médecins et associations lancent l’alerte.
À l’unanimité. Plusieurs médecins et associations actives dans la lutte contre le Vih/Sida tirent la sonnette d’alarme sur la « hausse importante» des porteurs du virus détectés. « La situation est préoccupante, avec l’augmentation des victimes. Il y a, même, des mineurs parmi elles», confie un médecin référent à Antananarivo, au cours de cette semaine. Parmi ces mineurs, un lycéen de 17 ans a succombé, récemment dans la capitale. « La tuberculose et le Sida ont eu raison de lui. La tuberculose est une maladie opportuniste, lorsque les défenses immunitaires de l’organisme disparaissent à cause du Sida. Ce jeune homme, paraît-il, a attrapé le virus en ayant eu des relations sexuelles non protégées avec des personnes de même sexe que lui. La pratique sexuelle anale favorise la transmission du Vih», explique ce médecin. À Nosy Be, à Antsiranana, et à Antananarivo, on entend souvent des médecins évoquer ce problème.
Des associations, comme le Mad’Aids entre autres, affirment que le Vih/Sida est en « phase d’explosion ». « Les cas de Vih augmentent, ainsi que les nouveaux cas dépistés chaque jour», indique Marie Isabelle, présidente du réseau des associations de prise en charge des personnes infectées. Mais Harivelo Rijasoa Andrianiaina, secrétaire exécutif du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS), préfère se limiter à une « crainte d’explosion ». «C’est vrai que le nombre des dépistés s’accroît, mais il nous faut une étude nationale pour confirmer cette phase d’explosion. En fin mai, nous avons estimé à trente-cinq mille les personnes infectées par le virus, mais seules 12% d’entre elles sont suivies. Il y a, probablement, des cas non dépistés», explique-t-il.
Certains comportements sexuels à risque sont cités, comme facteur principal de cette propagation de la maladie. « Parmi les victimes, beaucoup ont avoué qu’elles ne se sont pas protégées, durant leur rapport sexuel. On ne sait pas s’il y a un problème d’accès au préservatif, ou un manque de confiance au condom. Mais tant qu’on ne connaît pas le statut de son partenaire, on doit l’utiliser ou bien s’abstenir», informe le professeur Mamy Randria, chef de service des maladies infectieuses et directeur de l’établissement centre hospitalier universitaire Joseph Raseta Befelatanana, hier. Dans ce service, en moyenne, quinze nouveaux cas sont détectés, par mois, contre un cas tous les trois mois, il y a dix ans passés. Ce médecin se référant à la prise en charge du Vih/Sida a remarqué, que parmi ces personnes, 60% ont été contaminées au sein du couple et 60% ne savent pas qu’elles sont infectées et contaminent ainsi leur partenaire.
Alors que la maladie se propage, les financements alloués à la prévention de la maladie baissent. Les stratégies mondiales et nationales se focalisent, actuellement, sur le dépistage et la prise en charge des victimes.