Fête de l'indépendance - Seize morts dans une bousculade à Mahamasina
Une effrayante bousculade s’est produite hier soir au stade de Mahamasina après le défilé et au début du spectacle. Seize morts et quatre-vingt-deux blessés sont répertoriés.
Emoi, rage et atmosphère funeste ont saisi plus d’un hier en fin d’après-midi. Une bousculade survenue à l’entrée du stade municipal de Mahamasina, théâtre de la parade militaire, suivi du podium, a assombri la célébration du 59è anniversaire de l’indépendance. À la morgue de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA), seize corps dont la plupart sont des enfants et adolescents sont allongés dans la salle d’autopsie. Parmi les malheureux figurent sept fillettes et adolescentes ainsi qu’un garçonnet âgé d’environ cinq ans.
Au service des urgences, les médecins qui assurent la permanence sont débordés. Vers 17h30, une avalanche de blessés a saturé le service. Jusqu’à 23heures, quatre-vingt-deux personnes ont été prises en main. La plupart ont été placées sous soins intensifs. Sur le parking et l’aire d’attente noire de monde, des scènes à fondre le cœur nourrissent l’émoi. Inconsolable, une adolescente a sombré dans l’inconscience juste devant la porte de la morgue. La jeune fille affligée par la mort brutale d’un proche a été trahi par ses jambes pour s’affaler à l’entrée. Les visages inondés de larmes, une mère de famille abattu par le décès subit de son fils hurle de toutes ses forces et se laisse porter en dehors de la chambre froide en s’appuyant sur l’épaule de son frère.
« Ma fille se trouve encore dans un état comateux et ma nièce est parmi les personnes mortes écrasées. La supplice est insoutenable », confie Angela Razanadrasoa. En face, un cousin de sa défunte nièce, Aina Angela, se recroqueville et cogne sa tête contre le carrelage. « Tout s’est passé très vite », lance Andry Rialitsalama, un journaliste de l’Express de Madagascar témoin oculaire du drame.
« Au terme du défilé, les autorités ont quitté le stade par le portail principal. À cet instant, la marée humaine tassée à l’extérieur s’est ruée vers l’entrée lorsque l’artiste Rossy a entamé sa prestation avec sa chanson Raiso Ankafalina. Les éléments des forces de l’ordre qui y étaient postés ont tant bien que mal tenté de contenir la foule mais en vain. Poussées par derrière, ceux qui se trouvaient en tête de colonne ont trébuché. La mort les attendaient dès qu’elles étaient à terre », poursuit le journaliste de l’express de Madagascar.
« Des policiers ont bravé la mort pour tenter de dégager quelques victimes. Après avoir été écrasées, huit personnes ont été sauvées in extremis. Entre-temps, d’autres spectateurs ont couru vers l’accès de l’aile Nord, une autre bousculade meurtrier s’est produite lorsque les personnes en train d’évacuer le stade après le défilé se sont retrouvées nez-à-nez avec celles forçant le passage pour y accéder », ajoute-t-il. Le professeur Julio Rakotonirina, ministre de la Santé publique s’est dépêché à l’hôpital d’Ampefiloha après ces évènements. « Tous les frais de soins médicaux seront pris en charge par l’État », a-t-il annoncé.
Pareil drame n’est pas une première. Presqu’à chaque grand évènement, des bousculades font des morts et des blessés au stade de Maha-masina, conçu initialement pour accueillir quarante mille spectateurs. Les séquelles de douloureuses expériences par le passé sont présentes mais les perspectives d’amélioration et de remise aux normes ont été laissées lettre morte. Pas plus tard que le 9 septembre de l’an passé, une bousculade survenu lors du match de football ayant opposé les Barea de madagascar et l’équipe sénégalaise a fait deux morts. La Fédération malgache du football et la commune urbaine d’Antananarivo, responsable des lieux ont été pointées du doigt mais aucune mesure n’a été prise.
En 2016, un attentat à la grenade a fait deux morts à Mahamasina juste le soir des festivités du 26 juin et deux ans et cinq mois plus tôt, le 25 janvier 2014, lors de l’investiture de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina, un autre acte terroriste a fait un mort et trente-sept blessés.
En novembre 2008, une bousculade survenue en marge d’une rencontre opposant l’équipe nationale de football a coûté la vie à deux gamins au même portail Nord. Autant de morts et de blessés qui ne semblent toutefois pas faire échos jusqu’aux autorités concernées qui font la sourde oreille, à tel point que l’hécatombe continue.
Seth Andriamarohasina et Andry Rialitsalama