Élections communales - La conquête d’Antananarivo au centre des enjeux
Sauf changement, les élections communales se tiendront cette année. Une nouvelle bataille électorale où la capitale sera âprement convoitée.
Troisième round. La pause sera brève pour les états-majors politiques. Après la présidentielle et à peine les législatives bouclées, ils devront se remettre en ordre de bataille en vue des communales. Une nouvelle joute électorale qui devrait être, particulièrement, disputée à Antananarivo.
Selon une information venant de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le ministère de l’Intérieur lui a adressé « une lettre officielle », lui demandant une proposition du chronogramme des élections communales. Ce qui est chose faite. Après son assemblée générale, hier, la CENI adressera incessamment ses réponses au gouvernement. Sauf revirement, la CENI propose que les communales se tiennent dans le courant du mois d’octobre.
Il faudra préalablement, l’accord du gouvernement mais, les écuries politiques devront, d’ores-et-déjà, se préparer à s’engager dans une nouvelle campagne pour séduire les électeurs. Au regard des résultats provisoires des législatives, « les candidats du pouvoir », pourraient être en ballotage favorable dans la plupart des quelque mille sept-cents communes du pays. Plus qu’ailleurs, toutefois, les phares de l’opinion publique et des analystes politiques seront braquées sur le déroulement et l’issue de la bataille électorale pour la conquête de l’Hôtel de ville d’Analakely.
Des candidats ont déjà affirmé leur intention de briguer le siège de premier magistrat de la capitale. Il y a, par exemple, Faniry Alban Rakotoarisoa, chef de file du parti « Antoko politika madio » (APM), ou encore, Clémence Rahanirina, présidente du syndicat des conducteurs de taxi, qui se positionnent comme des alternatives aux mastodontes de l’arène politique.
Toujours sur la base des scores de la députation, Antananarivo, devrait, toutefois, être le théâtre d’un nouveau duel par candidat interposé entre Andry Rajoelina, président de la République et Marc Ravalomanana, président national du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM). Ce dernier, de prime abord, jouit toujours d’une bonne assise à Antananarivo, visiblement. Une nouvelle fois, le parti est en passe de conquérir six des douze sièges de député pour les six arrondissements de la capitale.
Quatre des candidats du TIM sont, provisoirement, en tête des suffrages. Après des législatives décevantes à l’échelle du pays, Marc Ravalomanana pourrait avoir à cœur de conserver la suprématie du parti qu’il personnifie afin de démontrer qu’il reste une personnalité incontournable de la scène politique. Les législatives indiquent, toutefois, que le faible taux de participation, mais surtout, le casting de ses candidas ont eu raison du TIM dans les circonscriptions réputées comme étant ses fiefs.
Pour Andry Rajoelina et ses ouailles, il s’agit de confirmer la suprématie politique dont il s’enorgueillit, notamment, depuis les législatives. À Tsiroanomandidy, il y a quelques semaines, le chef de l’Etat a affirmé qu’il ne compte prendre en otage aucune commune, même celles dirigées par des adversaires politiques. Il est, toutefois, certain, qu’il préfèrerait avoir un des siens à la tête d’Antananarivo, ou du moins, un allié. L’histoire témoigne que la stabilité du pays se joue, en grande partie, dans la Ville des mille.
Le président de la République, par ailleurs, veut démontrer l’émergence de Madagascar par la modernisation du pays. Porte d’entrée et vitrine de la Grande île, cela impliquera impérativement la capitale. Pour y parvenir il faudra une synergie d’action entre l’État central et les autorités d’Antananarivo, qu’importe qui sera élu. La situation, pour l’heure, est que l’État central fait les choses de son côté, pareillement, pour la commune, lorsqu’il ne s’agit, ni pour l’un ni pour l’autre, de torpiller ou de bloquer les initiatives de son vis-à-vis.
L’organisation de la fête nationale est un exemple. Le pouvoir s’active sans impliquer la commune. Cette dernière laisse les lieux de festivités, comme l’avenue de l’indépendance, s’enliser dans la crasse et le désordre. Sur le plan socio-économique, l’enjeu des communales pourrait être « le salut », de la capitale. Les incompatibilités d’humeur et rivalités politiques de ces quinze dernières années ont mis sens dessus-dessous Antananarivo. En témoignent l’anarchie et l’insalubrité qui y règnent en maître.