Campagne électorale - La neutralité de l’administration bafouée
Des candidats exploitent les supports de communication utilisés lors de la présidentielle. Une situation considérée comme étant une utilisation des prérogatives de la puissance publique.
En toute impunité. Les hauts conseillers constitutionnels doivent s’attendre à une pluie de requêtes après le scrutin du 27 mai. La première semaine de la campagne électorale pour les législatives est truffée d’anomalies.
Les agissements de certains candidats donnent l’impression d’une reprise de la propagande de la présidentielle. Ainsi, les supports de communication utilisés lors de la présidentielle sont « recyclés » par certains. Il s’agit entre autres du clip officiel et l’affiche à l’effigie du candidat n°13. Il en est de même de la teneur des discours de certains candidats.
Au début de la campagne électorale, Thierry Rakotonarivo, vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a rappelé les principes à respecter pendant les trois semaines de campagne. Il a notamment mis l’accent sur le respect de la neutralité de l’administration. « Le simple fait d’utiliser le nom d’un responsable étatique équivaut à l’utilisation des moyens d’État », a-t-il rappelé.
Ces rappels ne semblent pas être entendus par certains candidats d’autant que la loi organique relative à l’élection des députés de l’Assemblée nationale ne dispose d’aucune sanction. « C’est la conséquence du vide juridique dans notre loi électorale. Il appartient à la HCC de trancher sur la question », continue Thierry Rakotonarivo.
Suite à une demande d’avis du président de la République, la Haute cour constitutionnelle (HCC) a autorisé l’utilisation de la dénomination d’une coalition de partis politiques. « Le choix de cette dénomination est librement consenti par les membres de ce groupement politique qui ont bien voulu exprimer leur soutien à l’endroit du président de la République et pour permettre aux électeurs d’identifier les candidats décidés à soutenir la politique générale de l’État (…) », indique la HCC. Le fait d’exploiter les supports de communication lors de la présidentielle bafoue ainsi la neutralité de l’administration d’autant qu’après son élection, Andry Rajoelina est devenu le président de tous les Malgaches.
L’anarchie dans la campagne électorale implique également la quasi-totalité des candidats. À Antananarivo, les affiches sont posées partout sauf dans les panneaux confectionnés par la CENI. Face à cette situation, Thierry Rakotonarivo annonce des sanctions.
« Depuis jeudi, nos démembrements ont reçu l’ordre de donner six heures aux candidats pour enlever les affichages sauvages. Après ce délai, les agents de la CENI vont se déployer pour les enlever. Nous allons exiger aux candidats des réparations financières pour indemniser nos agents », annonce le vice-président de la CENI.
La campagne électorale va encore durer deux semaines. Il est dans l’intérêt des candidats de rectifier le tir au risque de payer ces écarts très cher.