Révision de la constitution - Tirs groupés sur le référendum de Rajoelina
Le référendum constitutionnel décidé en catimini par le régime comporte de nombreuses zones d’ombre et essuie les critiques de la classe politique et de la société civile. L’ancien président Ravalomanana le qualifie d’anticonstitutionnel et réclame un dialogue au préalable.
Un mois au total pour débattre des révisions que l’État compte apporter à la Constitution, pour assurer l’organisation matérielle et logistique du scrutin et pour faire connaitre aux 25 millions de Malgaches les changements pour lesquels ils doivent dire « oui » ou « non ».
Ce sont les contraintes résultant de la décision de Andry Rajoelina, prise en conseil des ministres vendredi, d’organiser un référendum constitutionnel le 27 mai, parallèlement aux législatives. En l’absence d’un motif clair qui explique cette « urgence » et ce délai jugé trop court par rapport aux enjeux et à la Constitution, le projet a provoqué un véritable tollé au sein de la classe politique et de la société civile. Il s’agit également d’une véritable surprise puisque l’ancien président de la Transition avait déclaré devant des millions de Malgaches lors du débat télévisé qu’il ne touchera pas à la Constitution.
L’ancien président Marc Ravalomanana a été parmi les premiers à réagir à cette décision plus que controversée. Convoquant d’urgence une conférence de presse en fin d’après-midi hier, il juge ce scrutin anticonstitutionnel, irréfléchi et ne respectant ni la population ni l’intérêt du pays.
Le président du parti Tiako i Madagasikara s’inquiète même des conséquences de cette décision sur la relation du pays avec ses partenaires internationaux. « Madagascar travaille avec la communauté internationale pour le financement des élections à travers le basket fund et je peux vous dire que la tenue de ce referendum a également pris au dépourvu la plupart d’entre eux. C’est une décision totalement inconstitutionnelle et je demande que, au moins, il y ait un dialogue au préalable », déclare Marc Ravalomanana devant les journalistes et entouré de nombreux candidats députés TIM. « Ce n’est pas possible que l’État agisse ainsi. Cette convocation des électeurs à un mois de la tenue du scrutin est une véritable aberration, voire une erreur fondamentale commise par le régime. Il s’agit quand même de la Constitution, une loi fondamentale, et non un vote pour un simple « Oui » ou pour un simple « Non » », souligne de son côté le politicien Tabera Andriamanantsoa.
La légalité du délai de convocation des électeurs fait partie des principales problématiques de ce référendum. La loi prévoit que les électeurs doivent être convoqués au moins 90 jours avant le scrutin. L’autre point concerne la compétence du chef de l’État à décider unilatéralement d’une révision de la Constitution.
Dans ses articles 161, 162 et 163, le texte fondamental stipule que seul le Parlement peut décider d’une révision de la Constitution. Le Président peut également le faire pour des raisons jugées « impérieuses ». «Le pays est-il bloqué ou voyez-vous aujourd’hui des raisons qui peuvent justifier cet impératif au point de forcer l’organisation d’un referendum en un mois ? », s’interroge Marc Ravalomanana face à la presse.
Face à cette convocation inattendue des électeurs pour un référendum constitutionnel, le KMF/CNOE–Education citoyenne, rappelle et appelle notamment les acteurs politiques au respect de la Constitution pour la réalisation ou non de ce référendum. Nous voulons mettre en place un État de droit, et nous pensons qu’il serait mieux de respecter la loi en vigueur dans le pays. Nous croyons en la sagesse des acteurs politiques sur le respect des textes en vigueur car cela renforcera la confiance entre nous tous.