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Agriculture familiale : l’urgence d’une politique foncière adaptée à Madagascar

15/09/2025 09:11 © Moov.Mg

À Madagascar, où plus de huit ménages sur dix vivent de l’agriculture, l’accès aux terres cultivables devient de plus en plus difficile. Une étude du Cirad et de ses partenaires met en évidence une raréfaction des terres arables, accentuée par la croissance démographique et les inégalités régionales.

L’agriculture reste le principal secteur d’emploi de Madagascar et repose largement sur les exploitations familiales. Ces petites fermes assurent à la fois la subsistance des ménages et une partie de l’approvisionnement des marchés locaux. Mais elles font face à un paradoxe : alors que l’on parle souvent de vastes réserves foncières disponibles, de nombreuses régions se trouvent déjà confrontées à un manque de terres cultivables, en particulier dans les Hautes Terres et dans l’Est, où la densité de population est élevée depuis longtemps.

Des surfaces agricoles de plus en plus limitées

Pour mieux comprendre cette situation, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et ses partenaires ont mené dix années de recherche auprès de plus de 6 000 ménages agricoles répartis dans 47 communes. L’étude couvre cinq zones agroécologiques et analyse à la fois la disponibilité foncière, les dynamiques d’inégalités et les stratégies mises en œuvre par les agriculteurs pour s’adapter.

Les résultats montrent que les superficies réellement cultivées par ménage sont souvent très réduites. La situation est particulièrement préoccupante sur les Hautes Terres et dans l’Est, où la terre est déjà rare et continue de se fragmenter à travers les héritages familiaux. Dans l’Ouest, le Moyen-Ouest et le Nord, les superficies restent en moyenne plus importantes, mais elles se réduisent également avec le temps. Une part importante des ménages, parfois jusqu’à la moitié, ne dispose que de très petites exploitations. La rareté foncière s’accompagne d’inégalités marquées. Les exploitations de plus de trois hectares, minoritaires selon les régions, concentrent pourtant une part importante des surfaces agricoles disponibles. À l’Ouest et au Moyen-Ouest, les marchés fonciers sont plus actifs, permettant à certains ménages d’acheter ou de vendre des terres. Dans le Nord, c’est davantage le défrichement de nouvelles parcelles qui permet d’accéder à des terres cultivables, une pratique encore répandue chez près d’un tiers des familles.

Nécessité de politiques foncières adaptées

Face à ces contraintes, les ménages développent différentes formes d’intensification agricole. Dans certaines zones, ils pratiquent la culture de contre-saison, exploitent des terres marginales comme les pentes ou les plateaux, ou misent sur une production plus intensive pour assurer leur subsistance tout en cherchant à écouler une partie sur les marchés. Ces stratégies, souvent mises en œuvre par nécessité, montrent la capacité d’adaptation des agriculteurs familiaux.

La poursuite de la division des terres, génération après génération, risque toutefois d’accentuer la précarité des exploitations. Si des solutions existent, comme la mobilité interrégionale, les transactions foncières ou encore l’intensification des cultures, elles restent limitées par des obstacles structurels. L’insuffisance d’infrastructures, l’enclavement de certaines régions et l’insécurité, notamment liée aux vols de bétail, freinent la mise en œuvre de solutions durables. Pour les chercheurs, ces constats mettent en évidence la nécessité de repenser les politiques foncières à l’échelle nationale, afin de mieux soutenir l’agriculture familiale, qui demeure l’un des piliers de la sécurité alimentaire et du développement du pays.

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