Présidentielle - Rajoelina-Ravalomanana, la lutte finale
C’est parti pour la dernière ligne droite de la présidentielle. Comme l’indiquent les candidats, ce sera aussi, le dénouement final de la crise de 2009.
Une finale. Le candidat Andry Rajoelina, ne croyait pas si bien dire lorsqu’il a qualifié ce second tour de la présidentielle de finale, dans sa prise de parole durant un meeting dans le district d’Antananarivo Antsimondrano, hier.
Comme l’ont annoncé les analystes, ce deuxième tour de la course à la magistrature suprême, devrait être le dénouement de la crise politique de 2009. Les candidats qui y prennent part, à savoir Andry Rajoelina avec son dossard numéro 13 et Marc Ravaloamanana floqué du noméro 25, sont les principaux acteurs de cette querelle politique qui a mis sans dessus-dessous le pays.
L’antipathie politique et vraisemblablement personnelle entre ces deux anciens chefs d’État date déjà de l’année 2007, où le candidat du Tanora Malagasy vonona (TGV), a brigué la magistrature d’Antananarivo. Une aversion mutuelle qui a conduit au renversement du favori du Tiako i Madagasikara, de la présidence de la République, en 2009.
Durant la période de Transition, par candidat interposé et durant les législatives, via leur entité politique respective en 2013, ainsi qu’au sein de l’Assemblée nationale durant l’administration Rajaonarimampianina, les querelles politiques entre les deux anciens chefs d’État ont perduré. Une dispute ponctuée par une alliance éphémère en avril et mai dernier afin d’imposer la retouche des lois électorales et la mise en place d’un gouvernement de consensus.
Les affrontements sur les réseaux sociaux et par médias interposés ont, toutefois, repris de plus belle en vue de la présidentielle. La phase éliminatoire passée, les deux finalistes de la présidentielle ont affiché leur détermination à en découdre, hier.
Sans merci
À entendre les discours prononcés par Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina durant cette première journée, le duel durant cette campagne électorale pourrait être sans merci.
Les deux candidats ont tous les deux démarré leur campagne par un office religieux. Le favori du TGV à l’îlot de la vierge Ampefy et celui du TIM à son quartier général à Bel’Air. L’instant religieux terminé, les esprits se sont rapidement focalisés sur la bataille politique pour la conquête du siège du palais d’État d’Iavoloha.
À l’instar de l’opinion publique, les deux prétendants à la magistrature suprême veulent, également, faire de cette dernière ligne droite de la présidentielle, celle qui déterminera qui a réellement la faveur de la majorité des Malgaches, du moins, des électeurs. Tous deux présentent ce second tour comme une bataille entre le gentil et le méchant, entre la lumière et les ténèbres, laissant le choix aux électeurs.
Durant et après les cultes d’hier, chacun a affirmé devant ses partisans avoir le soutien de Dieu et que leur destin présidentiel découlerait même d’une consécration divine. Pour amener les électeurs à faire leur choix les candidats numéro 13 et numéro 25 n’ont pas été tendre dans les comparaisons.
Andry Rajoelina qui mise sur sa préparation, sa jeunesse et son dynamisme lance « nous sommes à la croisée des chemins. À vous de choisir, revenir à la dictature ou la liberté et avancer dans le développement. Soit nous choisissons la lumière, soit les ténèbres. (…) Dites à vos proches que c’est la dernière chance de Madagascar ». Marc Ravalomanana qui table sur son expérience déclare, « c’est une bataille entre la lumière et les ténèbres, entre celui qui a été destitué et le putschiste. C’est le bien et le mal qui s’affronteront durant ce deuxième tour ».
Sur les réseaux sociaux et sur les antennes des réseaux radiophoniques partisans de chaque candidat, les publications et les chroniqueurs s’attachent à réveiller le passé de l’un ou de l’autre et de torpiller leur bilan à la tête de l’État. Les deux anciens chefs d’État et leurs partisans sont, visiblement, décidés à laisser aux électeurs l’arbitrage de leur bataille politique durant la finale, le 19 décembre.
Au regard de l’effusion de passion autour des deux candidats, certains appréhendent la réaction de l’un ou l’autre camp face au verdict des urnes. Le jeu démocratique veut, pourtant, que ce soit celui qui aura la majorité à l’issue du vote qui remporte la victoire. Le perdant devra attendre les prochaines échéances électorales.