Accord de pêche-UE - Les négociations en surenchère
Le gouvernement malgache n’a pas renouvelé la licence d’exploitation de pêche des bateaux européens. Plusieurs paramètres restent en désaccord.
Sortira, sortira pas. Le nouvel accord de pêche avec l’Union européenne pour les quatre prochaines années n’est toujours pas défini. Expirée depuis décembre 2018, la licence d’exploitation de pêche dans les eaux malgaches n’est pas encore accordée aux bateaux européens. La pêche aux thons a été ratée cette année, faute de licence à jour, et les pêcheurs européens ont dû changer de cap vers les Seychelles vu que le thon est une espèce migrante. Si l’accord aboutit prochainement, la prochaine campagne ne s’ouvre alors qu’aux palangriers.
« Le gouvernement entend engager des réformes dans l’accord de pêche avec l’Union européenne. Divers points sont encore en discussion en effet. Nos ressources halieutiques ne doivent pas être vendues à des prix bradés et la gestion doit être renforcée et s’effectuer dans un cadre aussi transparent que possible. Le nouvel accord devra sortir incessamment », répond le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Lucien Ranarivelo. Le dernier accord a autorisé quarante thoniers senneurs et cinquante-quatre palangriers à pêcher à vingt mille marins des côtes malgaches. Quelques 6 107 500 euros de redevance ont été versées à l’État malgache durant l’exercice 2015-2018. Une augmentation de 20% par rapport au précédent accord.
« L’Union européenne prévoit d’augmenter le nombre de bateaux pêcheurs à partir de cette année. Ce que la partie malgache a refusé », confie une source. D’autres points de divergence tels le montant de la redevance, dont le gouvernement malgache demande encore à augmenter, retardent ce nouvel accord de pêche. « Le goulot d’étranglement réside également dans la déclaration unilatérale des captures de la part des opérateurs européens. Nos moyens de vérification restent pour le moment peu efficaces. Pour le thon par exemple, les statistiques obtenues avancent 10 000 tonnes de capture, mais a-t-on pu vérifier la capture réelle ? », avance encore notre source.
Outre le thon, les bonites, thazards, marlins, espadons et espèces associées ont été autorisées à la pêche. L’élaboration de ce nouvel accord de pêche devra donner un élan de redynamisation du secteur pêche en général. « Du fait de la difficulté de la commercialisation des produits à l’international, et en raison du coût élevé et du caractère sophistiqué des investissements, Madagascar a choisi de prioriser la coopération avec l’étranger. La formule de ventes de licences aussi bien à des senneurs, qu’à des palangriers a été adoptée pour permettre de tirer profit des ressources halieutiques. Mais le contour des Zones économiques exclusives (ZEE) reste à voir, de même que les retombées socio-économiques de ces exploitations sur la population malgache », expliquent des études menées par la Direction des ressources halieutiques en 2017.