Iavoloha - Débats houleux autour budget rectificatif
Bien que la loi de finances rectificative soit prévue être mise en vigueur par voie d’ordonnance, la tâche n’est pas aussi aisée qu’il n’y paraît pour le régime Rajoelina en ce début de quinquennat. L’arbitrage des projets pose problèmes.
Une longue dernière ligne droite. Un communiqué de la Présidence a fait savoir, hier, que le projet de loi de finances rectificative sera encore disséqué, article par article, en conseil des ministres.
D’après le communiqué, le conseil entend prendre son temps afin de « mettre en place la bonne gouvernance, la reconstruction du pays et le vrai développement qui impacte sur la vie de la population, suivant les engagements pris par le président de la République de rattraper le retard économique accumulé durant les dernières décennies ». Mais le retard est énorme et les projets se bousculent, si l’on se réfère à l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM).
Par conséquent, l’arbitrage est ardu entre les différents ministères, les ressources étant limitées à plus d’un titre. C’est ce qui expliquerait, en réalité, ce retard d’après les indiscrétions.
Les débats seraient soutenus à Ambotsorohitra dans la mesure où chaque ministre réclame encore et toujours plus de fonds pour réaliser leur contrat programme. Un département réclamerait alors jusqu’à quatre fois le budget inscrit dans le projet pour la réalisation d’un projet présidentiel.
Malgré les coupes budgétaires sur des dépenses jugées non indispensables, les ressources de l’État ne suffiraient toujours pas pour financer les projets de l’IEM. L’équilibre entre les recettes envisagées et les dépenses en fonctionnement et en investissement doit être respecté. L’apport de cent millions de dollars de la Banque Mondiale est à ce propos salutaire sans être suffisant.
L’État doit prioriser les domaines de l’éducation, la santé, la lutte contre la corruption selon les recommandations des bailleurs de fonds. La plus grande part du PIB doit être investie dans ces secteurs. Or le montant de tous les projets Velirano est juste faramineux et ne pourra jamais être supporté par le budget de l’État.
C’est ainsi que la recherche de financement privé ou parallèle serait en cours. Le ministre de l’Économie et des finances, Richard Randriamandrato serait déjà sur de bonnes pistes. Reste à savoir comment les bailleurs de fonds pourront accepter ce qu’ils avaient condamné à l’époque d’Albert Zafy. Justement, si la Banque Mondiale s’est montrée généreuse vis-à-vis de l’administration Rajoelina, c’est pour limiter les dégâts et pour avoir un œil sur la bonne gouvernance.
L’achat de matériel roulant et l’envoi de fonctionnaire en formation à l’étranger figureraient parmi les dépenses qui seraient réduites de manière significative alors que le budget du Sénat aurait été purement et simplement supprimé.
Pendant ce temps, la machine administrative tourne au ralenti. D’après le témoignage d’un responsable en région, l’absence de loi de finances rectificative gèle le fonctionnement de son service.
« Nous n’avons même pas de quoi envoyer un colis par la poste », souligne-t-il, en indiquant être obligé d’avancer de ses poches certaines dépenses. La situation est d’autant plus problématique pour les employés de courte durée (ECD) qui, pour la plupart, n’ont pas reçu leur salaire depuis le mois de janvier. Le communiqué de la Présidence ne s’est pas aventuré à donner une date précise quant à l’adoption du projet de loi en conseil des ministres. Quoi qu’il en soit, il faudra attendre la validation de la Haute cour constitutionnelle pour que la loi de finances rectificative puisse être en vigueur.