Invasion acridienne à Madagascar : 5,3 millions d’USD requis en urgence pour sauver les récoltes
Madagascar fait face à une invasion acridienne de grande ampleur, menaçant les cultures et les pâturages dans plusieurs régions du sud du pays. Pour intensifier les campagnes de lutte, un financement de 19 millions d’USD est nécessaire, dont 5,3 millions d’USD en urgence pour la campagne 2024-2025.
Une invasion acridienne inquiétante
Depuis avril 2024, des essaims de criquets migrateurs malgaches se multiplient dans les régions du sud de Madagascar. Cette invasion acridienne, exacerbée par la sécheresse, ravage les cultures et réduit les ressources en pâturages, compromettant gravement la production agricole et l’élevage. Un seul essaim moyen, composé de 40 millions de criquets, peut consommer jusqu’à 80 tonnes de végétation par jour, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire. Les effets de cette crise viennent s’ajouter à ceux de la pandémie de Covid-19, de la fièvre de la vallée du Rift et des infestations de la chenille légionnaire d’automne. Face à cette menace croissante, les populations rurales des régions d’Androy, Anosy, Atsimo Andrefana, Haute Matsiatra, Ihorombe et Menabe se trouvent dans une situation de vulnérabilité accrue.
Pour contenir cette invasion acridienne, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage ont élaboré un programme d’intervention sur quatre ans (2024-2028). Ce plan vise à limiter la propagation des criquets et à atténuer l’impact de cette crise sur les populations rurales.
Renforcement des opérations
Depuis décembre 2024, la FAO et le Centre national de lutte antiacridienne (IFVM) ont mobilisé plus de 70 agents équipés pour intervenir dans les zones les plus touchées. En janvier 2025, une base aérienne mobile a été installée et un hélicoptère a été déployé pour les missions de prospection et de traitement des essaims. En trois semaines, plus de 110 000 hectares ont déjà été traités, empêchant une propagation encore plus massive des criquets. Malgré les efforts engagés, l’ampleur de l’invasion acridienne nécessite un renforcement des opérations. Un financement de 19 millions d’USD est requis pour poursuivre les campagnes sur les trois à quatre prochaines saisons des pluies. Pour la campagne 2024-2025, 5,3 millions d’USD sont nécessaires en urgence afin d’éviter une aggravation de la situation.
L’analyse des experts indique que 1,94 million de personnes risquent d’être exposées à une insécurité alimentaire aiguë entre janvier et avril 2025. De plus, environ 2 millions d’hectares de terres agricoles sont menacés, mettant en péril les moyens de subsistance de 1,5 million d’habitants dans les zones infestées.
Appel à la mobilisation pour éviter l’invasion acridienne
Afin d’endiguer cette invasion acridienne, les opérations de prospection aérienne se poursuivent sur une superficie de 120 000 hectares pour détecter et cibler les foyers acridiens. Parallèlement, les traitements aériens et terrestres sont intensifiés pour réduire la densité des essaims. Par ailleurs, du matériel essentiel, incluant des équipements de protection, de pompage, d’éclairage, de navigation et informatique, ainsi que des pesticides supplémentaires, est en cours d’acquisition. Des formations spécifiques sont également organisées pour renforcer les compétences des agents de l’IFVM en matière de gestion des pesticides et de suivi des opérations de lutte.
Si les fonds nécessaires ne sont pas mobilisés rapidement, l’invasion acridienne pourrait s’aggraver et accentuer la précarité des populations rurales. Un retard dans les interventions risquerait d’entraîner une perte massive des cultures et des ressources fourragères, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire. Ainsi, la FAO et le gouvernement malgache lancent un appel urgent à la communauté internationale pour sécuriser les financements indispensables à la lutte contre cette invasion acridienne. Une action immédiate est essentielle pour protéger les populations vulnérables et préserver la production agricole de la Grande Île.