Devant la cour d'appel de Londres, le prince Harry fait état de menaces sur sa sécurité
Le prince Harry a contesté mardi devant la cour d'appel de Londres la décision, "injustifiée" selon lui, de le priver de protection policière systématique lors de ses séjours au Royaume-Uni, mettant notamment en avant par la voix de ses avocats des menaces d'Al-Qaïda.
Le fils cadet du roi Charles III, qui ne revient qu'occasionnellement au Royaume-Uni, a suivi les débats dans la salle d'audience de la cour qui examine jusqu'à mercredi cette affaire qui l'oppose au ministère de l'Intérieur.
Harry et son épouse Meghan ont déménagé aux Etats-Unis après leur rupture fracassante avec la famille royale en 2020. Ils ont alors perdu la protection systématique de la police prévue pour les membres actifs des Windsor et payée par le contribuable britannique, le Home Office ayant opté pour une protection au cas par cas.
"Ce recours concerne le droit le plus fondamental: la sûreté et la sécurité de tout individu", a déclaré l'avocate du prince, Shaheed Fatima, devant le tribunal.
Elle a déploré que son client fasse "l'objet d'un traitement différent, injustifié et inférieur" par rapport aux autres membres de la famille royale.
Dans des conclusions écrites soumises à la cour, les avocats de Harry ont fait état de menaces pesant sur sa sécurité, indiquant notamment qu'"Al-Qaïda a appelé au meurtre" du prince.
Dans son autobiographie "Le Suppléant", parue en 2023, le fils du roi avait raconté avoir tué 25 talibans lorsqu'il était en mission en Afghanistan, ce qu'il avait comparé au fait d'éliminer "des pièces dans un jeu d'échecs", des propos qui lui avaient attiré de nombreuses critiques.
"Course-poursuite"
Les avocats rappellent en outre que Harry et Meghan ont été "impliqués dans une dangereuse course-poursuite avec des paparazzis à New York" en mai 2023.
Ils affirment aussi que le duc et la duchesse de Sussex "se sont sentis contraints d'abandonner leurs rôles à plein temps de membres actifs de la famille royale car ils estimaient qu'ils n'étaient pas protégés par l'institution".
L'avocat du gouvernement, James Eadie, a expliqué que la décision des autorités britanniques ne visait pas à priver Harry de toute protection au Royaume-Uni mais qu'elle entérinait le fait que sa sécurité ne serait plus "assurée sur la même base qu'auparavant du fait de son changement de statut" et de son installation à l'étranger.
Les débats reprendront mercredi à 10H30. Une partie se tiendra à huis clos pour des raisons de sécurité. La cour d'appel rendra ensuite sa décision par écrit à une date ultérieure, non précisée.
En février 2024, la Haute Cour de Londres avait donné raison au ministère de l'Intérieur, estimant que la décision ne relevait pas d'une "injustice" et que la stratégie de la police était "légalement fondée".
Ce sujet est sensible pour le prince de 40 ans, dont la mère, la princesse Diana, a perdu la vie dans un accident de voiture à Paris en 1997, alors qu'elle était pourchassée par les paparazzis.
En avril 2024, un juge avait rejeté un précédent recours de Harry, et lui avait ordonné de payer la quasi-totalité des frais de justice engagés par le ministère. Une somme d'environ un million de livres (1,17 million d'euros), selon le Times.
Batailles judiciaires
Le prince Harry avait, dans un premier temps, tenté d'obtenir une protection policière avec ses fonds personnels. Mais cette possibilité lui avait été refusée par la justice britannique en mai 2023.
Le duc de Sussex a par ailleurs lancé plusieurs batailles judiciaires contre les puissants tabloïds britanniques, avec qui il entretient des relations houleuses.
Il a conclu en janvier un accord financier avec le propriétaire du Sun.
Harry, en rupture avec sa famille depuis ses révélations explosives sur la monarchie, se rend de temps en temps au Royaume-Uni dans le cadre de ses activités caritatives notamment.
Son retour mardi dans son pays natal coïncide avec le déplacement en Italie de son père Charles et de la reine Camilla.
Cette audience intervient quelques jours après un coup dur pour le fils cadet du roi: un conflit interne l'a poussé à renoncer à être le parrain de son ONG Sentebale, fondée en 2006 au Lesotho pour venir en aide aux orphelins du sida.
Désavouée par son équipe, la présidente de l'association, Sophie Chandauka, a accusé le prince de "harcèlement et d'intimidation", et le régulateur britannique des organisations caritatives s'est saisi du litige le 3 avril.