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Bolivie: Evo Morales, visé par un mandat d'arrêt, dénonce une "guerre juridique"

18/12/2024 23:27 © Afp

L'ex-président bolivien Evo Morales (2006-2019), visé par un mandat d'arrêt pour avoir eu une relation avec une adolescente durant son mandat, s'est dit mardi "victime d'une guerre juridique" menée par le gouvernement de Luis Arce, son rival à gauche pour la présidentielle de 2025.

Le parquet bolivien avait annoncé lundi avoir émis contre l'ancien président un mandat d'arrêt pour "traite d'être humain à l'égard d'une mineure" avec laquelle il aurait eu une une fille en 2016, et avoir demandé à son encontre une "mesure exceptionnelle de détention provisoire de six mois".

M. Morales, réfugié dans la région du Tropico de Cochabamba, son fief politique situé dans l’État du Chapare (centre), avec le soutien de ses partisans, "n'a pas à se rendre", a déclaré mardi à l'AFP l'un de ses avocats, Nelson Cox.

L'ancien dirigeant n'a pas été notifié de l'accusation de traite d'être humain et ses avocats ont intenté des recours contre les "violations de la procédure", a-t-il ajouté.

Evo Morales, qui souhaite revenir au pouvoir malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle ayant confirmé en novembre l'interdiction pour un président d'exercer plus de deux mandats, s'est dit sur X "victime d'une guerre juridique (lawfare) brutale menée par le gouvernement de Luis Arce qui s'est engagé à me livrer comme trophée de guerre aux Etats-Unis".

"Le gouvernement dispose d'une armée de procureurs, de juges, de policiers et de militaires, qui cherchent non seulement à m'éliminer politiquement et moralement, mais aussi physiquement", a-t-il ajouté.

La procureure en charge de l'affaire, Sandra Gutiérrez, a expliqué lundi avoir émis le 16 octobre le mandat d'arrêt contre M. Morales, un mandat dont elle n'a pas révélé l'existence plus tôt car "l'affaire est très complexe", du fait qu'elle implique un ancien président, qui a nié les accusations à plusieurs reprises.

Elle a rappelé que deux jours avant de l'émettre, les partisans de l'ancien cultivateur de coca, majoritairement des paysans indigènes, ont mis en place des barrages routiers ayant duré 23 jours pour protester contre ce qu'ils estiment être une "persécution judiciaire" contre leur leader.

Malgré la contestation, la police a tenté à plusieurs reprises d'arrêter M. Morales mais "il était impossible de procéder à l'exécution du mandat d'arrêt" car "de nombreux policiers ont été victimes d'agressions et de tentatives d'assassinat de la part des bloqueurs", a précisé Mme Gutiérrez.

"La population ne permettra pas"-

Selon le dossier judiciaire, M. Morales, 65 ans, a eu en 2015 une relation avec une jeune fille de 15 ans avec laquelle il a eu une fille en 2016.

La thèse du parquet est que les parents de la mineure l'ont enrôlée dans la "garde de jeunes" de Morales "dans le seul but de gravir les échelons politiques et d'obtenir des avantages (...) en échange de leur fille mineure".

Pour ces faits, le ministère public a déposé un acte d'accusation contre Evo Morales et la mère de la victime présumée pour le délit de "traite d'êtres humains aggravée" et déclenché une "alerte migratoire" destinée à les empêcher de sortir du pays.

Le père de l'adolescente a, lui, été arrêté mi-octobre et placé en détention préventive pour une durée de quatre mois.

Il s'agit du deuxième mandat d'arrêt délivré à l'encontre de M. Morales dans cette affaire pour laquelle il encourt une peine de "10 à 15 ans" d'emprisonnement.

La procureure Gutiérrez avait déjà ordonné son arrestation en septembre, mais un recours en justice déposé par la défense de l'homme politique aymara avait permis de l'annuler.

Les avocats de M. Morales affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020.

"Personne ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits", a estimé Marcelo Galvan, l'un de ses avocats, lors d'une conférence de presse à La Paz mardi.

Selon son autre avocat Nelson Cox, il existe un risque de conflit si la police cherche à mettre en oeuvre le mandat d'arrêt. "S'ils essaient d'attenter à la vie de l'ancien président, la population, le Tropico de Cochabamba, ne permettra pas que cela se produise", affirme-t-il.

M. Morales s'est déjà par le passé dit victime d'une "persécution judiciaire" orchestrée par le gouvernement Arce, son ancien allié et désormais rival pour l'investiture du parti de gauche au pouvoir en vue de la présidentielle d'août 2025.

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