Sud de Madagascar : Après des mois de crise, la sécurité alimentaire pourrait s’améliorer avec les récoltes
Dans le Grand Sud et le Grand Sud-Est de Madagascar, les réserves de nourriture s’épuisent plus vite que prévu, les prix des aliments augmentent et la pluie tombe de façon imprévisible. La situation devrait encore se détériorer en ce premier trimestre 2025, avant une légère amélioration attendue à partir de mai.
Insécurité alimentaire grave
Selon la dernière analyse de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) sur l’Insécurité Alimentaire Aiguë publiée pour la période de septembre 2024 à août 2025, 1,63 million de personnes souffrent déjà de la faim et ont besoin d’une aide d’urgence. Entre septembre et décembre 2024, environ 15 % de la population étudiée souffre d’une insécurité alimentaire grave. Parmi eux, 1,58 million de personnes sont en Crise (Phase 3) et 48 000 en Urgence (Phase 4). Le principal problème vient du climat. Dans le Grand Sud, notamment dans les régions d’Androy et d’Atsimo Andrefana, la pluie a été très irrégulière, empêchant les cultures de pousser normalement. Dans le Grand Sud-Est, des inondations ont détruit des champs, notamment dans les districts de Befotaka et Farafangana.
La période de janvier à avril 2025, qui correspond au moment où les stocks alimentaires sont au plus bas avant les nouvelles récoltes, sera particulièrement difficile. Environ 1,94 million de personnes, soit 18 % de la population, seront en grande difficulté alimentaire. Dans la région d’Androy, de nombreuses familles n’ont presque plus de réserves. À Ambovombe, 40 % des habitants seront en situation de Crise (Phase 3) et à Beloha, 35 %. Dans l’Atsimo Andrefana, notamment à Ampanihy et Betioky, l’insécurité alimentaire restera critique. Le Grand Sud-Est est aussi touché. À Farafangana, Midongy Atsimo et Vangaindrano, plus de 20 % de la population aura du mal à se nourrir. Dans le Nord et l’Est, les cyclones prévus risquent d’aggraver la situation, notamment à Antalaha et Vohémar, où 20 % des habitants pourraient être en Crise.
Des améliorations
À partir de mai 2025, les nouvelles récoltes devraient apporter une amélioration. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire grave devrait descendre à 1,12 million (11 % de la population). Dans l’Atsimo Andrefana, la plupart des districts sortiront de la Crise pour passer en situation de Stress (Phase 2). Mais certains, comme Betioky et Benenitra, auront encore 15 % de leur population en difficulté. Dans l’Androy, Ampanihy et Tsihombe resteront en Crise à cause de leur forte vulnérabilité et du manque d’aide humanitaire. Dans l’Anosy, les récoltes et les périmètres irrigués permettront d’améliorer la situation, mais des zones comme Amboasary Atsimo et Betroka resteront en difficulté.
Malgré ces améliorations, certaines régions resteront fragiles. Dans le Grand Sud-Est, environ 15 % des habitants continueront de souffrir de la faim, sauf à Vangaindrano où la situation sera un peu meilleure. Dans le Nord, la pêche et certaines cultures devraient stabiliser la situation, mais Antalaha et Vohémar garderont une part importante de leur population en insécurité alimentaire.
Face à ces projections, l’intervention humanitaire reste essentielle pour atténuer les effets de la crise alimentaire. La mise en place de mesures d’adaptation aux changements climatiques, l’amélioration des infrastructures agricoles et le renforcement des aides aux populations vulnérables figurent parmi les pistes envisagées pour réduire les impacts de l’insécurité alimentaire dans les mois à venir.