Fermeture de l'usine de Calais : L’armée française délocalise sa production à Madagascar

Exploitation

Les uniformes de l'Armée française ne seront bientôt plus fabriqués en France. En effet, l'usine de Calais, en activité depuis plus de 25 ans, ferme ses portes. Le contrat historique a donc été attribué à Paul Boyé Technologies. Cette entreprise a choisi de délocaliser la production à Madagascar, où les coûts salariaux sont bien plus bas. Par conséquent, cette décision prive les Hauts-de-France de ses derniers bastions textiles. De plus, elle laisse 65 ouvrières sans emploi, dans une région déjà fragilisée par les fermetures d'usines. À Madagascar, cette externalisation est perçue comme une opportunité économique. Selon un ouvrier malgache, « cela prouve que le pays a sa place sur le marché international ». Toutefois, bien que les salaires soient attractifs localement, ils restent bien inférieurs aux normes européennes. Cela soulève des critiques sur l'exploitation d'une main-d'œuvre précarisée.

Équilibre

Le contrat attribué à Paul Boyé Technologies prévoit que 90 % de la valeur ajoutée et une partie de la production restent en France. Cependant, la fabrication des uniformes sera entièrement réalisée à Madagascar. Cette approche est évoquée par le directeur de Marck et Balsan, ancien fournisseur des armées, qui affirme que « son concurrent délocalise 100 % de la production ». Ce cas illustre les contradictions de la mondialisation. D'une part, Madagascar gagne en visibilité économique, mais d'autre part, il risque de s'enfermer dans une dépendance aux productions à bas coût. Ainsi, cela reproduirait des schémas hérités de l'ère coloniale. Quant à la France, cette fermeture symbolise l'érosion industrielle des régions historiquement manufacturières. En effet, elle s'inscrit dans une logique de compétitivité mondiale. Les enjeux éthiques et socio-économiques, tant au Nord qu'au Sud, rappellent que, derrière ces stratégies d'entreprise, se jouent des destins humains et des équilibres géopolitiques fragiles.