Changement climatique : Madagascar lance un appel à la justice environnementale
Madagascar, l'un des pays les plus touchés par les impacts du changement climatique, joue un rôle crucial dans la séquestration du carbone. Alors que le pays risque de devenir un émetteur net de gaz à effet de serre dans moins de cinq ans, une aide internationale est jugée essentielle pour protéger ses forêts et développer des solutions d’adaptation et d’atténuation.
Un puits de carbone menacé
Madagascar est l’un des pays les plus vulnérables face aux catastrophes climatiques, mais paradoxalement, ses vastes forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique en séquestrant une quantité importante de carbone. Pourtant, les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, en grande partie en raison de la déforestation et de la surexploitation des combustibles fossiles. Selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable, si cette tendance se poursuit, le pays pourrait devenir un émetteur net de carbone d’ici cinq ans. Lors de la table ronde sur le financement de l'action climatique, organisée le 14 octobre 2024 avec le soutien de la Banque Mondiale et du FMI, la nécessité d'une aide internationale pour protéger les forêts de Madagascar a été soulignée. Le gouvernement malgache, représenté par plusieurs ministères, a réaffirmé son engagement à collaborer avec les institutions financières pour mettre en œuvre des projets concrets de résilience climatique. Le programme de Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) du FMI a été présenté comme une opportunité clé pour attirer des financements publics et privés en faveur de l’adaptation et de l’atténuation des effets du changement climatique. Madagascar, en tant que pays pilote, pourrait bénéficier d’une coopération renforcée avec ces acteurs internationaux.
Un coût financier important
Les projections du 6e Rapport d'Évaluation du GIEC indiquent une augmentation des températures mondiales de 1,5°C d'ici 2040-2060, aggravant les phénomènes climatiques extrêmes. Madagascar, régulièrement frappé par des cyclones, des inondations et des sécheresses, fait face à des coûts financiers colossaux. Les besoins identifiés dans la Contribution Déterminée Nationale 2 (CDN2) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience du pays s'élèvent à 24,4 milliards de dollars d’ici 2030. Les financements sont répartis entre trois axes : 11,6 milliards de dollars pour l'adaptation, 7,3 milliards pour l'atténuation, et 2,8 milliards pour compenser les pertes et dommages. Le secteur privé est également appelé à jouer un rôle clé dans cette dynamique, en tant que partenaire stratégique pour des investissements verts et durables. Le ministre de l’Environnement, Max Andonirina Fontaine, a souligné l’importance de cette participation du secteur privé. Une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés est nécessaire pour renforcer la résilience de l’économie malgache et préserver ses ressources naturelles.
Compensation équitable
Madagascar subit chaque année les conséquences du changement climatique, en grande partie causé par les pays riches, principaux émetteurs de gaz à effet de serre. La ministre de l'Économie et des Finances, Rabarinirinarison Rindra, a rappelé que Madagascar emprunte constamment pour faire face aux impacts des cyclones, comme en 2021-2022, où les pertes causées par cinq cyclones ont dépassé 770 millions de dollars, soit 4,2 % du PIB du pays. Madagascar, en tant que puits de carbone, réclame une compensation équitable de la part des pays pollueurs. Le soutien international est essentiel pour maintenir et renforcer le rôle du pays dans la lutte contre le changement climatique. Les réformes et stratégies proposées lors de cette table ronde seront soumises au gouvernement malgache pour décision. Le pays espère obtenir des engagements solides lors des prochaines négociations internationales, notamment à la COP29, pour garantir un avenir durable et préserver son statut de puits de carbone mondial.